- Affichages : 2947
Samedi 4 septembre 2021 : 1er samedi du mois
Méditation |
5e mystère glorieux : Le couronnement de la Très Sainte Vierge au Ciel Version internet, cliquez ICI. Version PDF, cliquez ICI. Autres méditations, cliquer ICI. |
Offrir ce 1er samedi |
les offenses de ceux qui outragent Notre-Dame directement dans ses saintes images |
Lettre de liaison n° 125 (1er septembre 2021)
Information préliminaire
Durant le mois d’août, le site de Cap Fatima a rencontré quelques problèmes. En effet, il était nécessaire de changer d’hébergeur, mais malgré le soin apporté pour que la migration se passe du mieux possible, celle-ci a entraîné différents petits disfonctionnements : plus d’envoi de mails (notamment, à partir du 16 août, ceux de la préparation à la consécration au Cœur Immaculé du 22 août), impossibilité de s’inscrire à un rosaire vivant ou une préparation à la consécration au Cœur Immaculé de Marie, page d’accueil du site altérée, etc.
Nous vous prions de nous excuser pour les inconvénients qui en ont résulté. Désormais tout est rentré dans l’ordre : vous pouvez donc vous inscrire ou réinscrire à un rosaire vivant ou à une consécration au Cœur Immaculé de Marie. En particulier, pour la prochaine consécration, prévue le 7 octobre prochain, fête de Notre-Dame du Rosaire, il est encore temps de s’inscrire à la préparation qui commence le 4 septembre.
1re partie : Le message de Fatima
Au cours de l’été 1916, l’Ange apparut pour la deuxième fois. Les trois petits cousins étaient en train de jouer près du puits de la maison des parents de Lucie. L’Ange leur dit :
L'Ange : Que faites-vous ? Priez, priez beaucoup ! Les Cœurs de Jésus et de Marie ont sur vous des desseins de miséricorde. Offrez constamment au Très-Haut des prières et des sacrifices.
Lucie : Comment devons-nous faire des sacrifices ?
L’Ange : De tout ce que vous pourrez, offrez à Dieu un sacrifice en acte de réparation pour les péchés par lesquels Il est offensé, et de supplication pour la conversion des pécheurs. De cette manière, vous attirerez la paix sur votre patrie. Je suis son Ange gardien, l’Ange du Portugal. Surtout, acceptez et supportez, avec soumission, les souffrances que le Seigneur vous enverra.
Dans ce bref discours, l’Ange dit quatre choses importantes.
Prier sans cesse
Les petits pastoureaux étaient en train de jouer. Quoi de plus naturel pour des enfants de leur âge lorsque l’école ne les retient pas ? Pourtant l’Ange commence par leur faire un léger reproche : « Que faites-vous ? Priez, priez beaucoup. » Déjà lors de sa première apparition, il avait demandé aux petits voyants de prier et, pour cela, leur avait appris une prière. Cette fois, il ne leur apprend pas de prière, mais leur demande de « prier beaucoup ». Son insistance sur la prière est significative et doit nous inciter à approfondir cette nécessité de prier souvent.
Cette demande est profondément évangélique. Notre-Seigneur disait : « Priez en tout temps. » (Luc XXI, 36) Et après Lui, saint Paul disait : « Priez sans cesse ». (1 Thes V, 17) Les saints eux-mêmes se sont conformés à cette demande du Maître. Par exemple, sainte Thérèse d’Avila se lamentait de pouvoir rester un quart d’heure sans penser à Jésus.
Hélas, beaucoup de chrétiens se contentent souvent d'une courte prière le matin ou le soir, réduite parfois à un simple signe de croix. Certains ne le font même pas : ils se réveillent et s'endorment comme des animaux. Est-on chrétien quand on agit ainsi ? Peut-on sauver son âme en négligeant la prière alors qu'on sait trouver le temps de regarder la télévision, de lire des journaux ou des romans, d’aller au café ou au stade ? Mais, dans la vie moderne, comment « prier sans cesse » tout en accomplissant son devoir d’état ? Pour répondre correctement à cette question, il faut commencer par rappeler qu’il y a différentes formes de prière.
Tout d’abord, il faut faire au moins une brève prière immédiatement après le lever, avant tout autre action, et juste avant de se coucher, dernière pensée avant de s’endormir. Pour tout chrétien, ces instants de recueillement, chaque matin et chaque soir, devraient être des moments précieux.
Ensuite, tout ce que nous faisons dans la journée est une prière si nous n’omettons pas de le faire par amour pour Jésus. C’est pourquoi il est important de ne jamais oublier de commencer sa journée en offrant, dès son lever, tout ce que nous allons faire.
Il ne faut pas négliger non plus de prier au moment des repas, le Benedicite avant et l’action de grâce après. Faisons au moins un signe de croix. Invité à un repas dans une famille, avant de se mettre à table, saint Jean Bosco s'adressa à l'un des enfants et lui demanda : « Maintenant faisons le signe de la croix avant de manger. Sais-tu pourquoi on fait ce signe ? ». « Je ne le sais pas », répondit l'enfant. « Eh bien, je te le dis en deux mots. Nous le faisons pour nous distinguer des animaux qui ne le font pas parce qu'ils ne peuvent comprendre que ce qu'ils mangent est un don de Dieu. ». À partir de ce moment-là, dans cette famille, on n'omit jamais de faire le signe de la croix avant les repas.
Alors, si nous ne le faisons pas déjà, prenons dès maintenant la résolution de faire le signe de la croix et de réciter un "Benedicite" ou un "Je vous salue Marie" chaque fois que nous nous mettons à table.
Toutefois, tout ceci est encore peu de choses. Trois fois par jour, la tradition chrétienne nous invite à réciter l'Angélus, rappel de l'ineffable mystère de l'Incarnation. Les saints tenaient beaucoup à ce bref moment de prière. Saint Pie X n’hésitait pas à interrompre une audience pour le réciter. Saint Padre Pio le récitait avec celui qui se trouvait avec lui, là où il se trouvait : sous la véranda, dans sa chambre, dans le corridor, … Le pape Pie XII le récitait chaque fois à genoux. Enfin, n’oublions pas la prière en famille, en particulier le soir.
Voilà donc déjà une douzaine d’occasions, réparties dans la journée, de prier. Ce sont autant d’occasions de revenir ainsi à Dieu, sous réserve de ne pas le faire mécaniquement et de prendre soin de ménager un court moment de silence pour se mettre en sa présence juste avant de commencer à réciter la prière elle-même. Toutes ces prières sont courtes et ne demandent qu’un effort minimum.
Il ne faudrait pas non plus négliger le chapelet quotidien, tant demandé par Notre-Dame, ni l’oraison, prière malheureusement trop souvent négligée ou oubliée. Notre but n’est pas de faire un traité complet sur la prière, mais de montrer qu’il est possible de prier tout au long de la journée, sans nous prendre un temps excessif et avec des formes variées pour éviter répétition et lassitude. De la sorte, nous répondrons à la demande l’Ange : « Priez beaucoup. »
Et pour progresser sur ce point, il convient de l’analyser soigneusement au cours de notre examen de conscience quotidien. Ainsi nous progresserons dans la vie de prière. Ensuite, à chacun d’imaginer d’autres moyens pour revenir à Dieu dans la journée : par exemple, chaque contrariété rencontrée et offerte peut être un très bon moyen, venant s’ajouter aux autres.
Offrir des sacrifices
Le deuxième enseignement de l’Ange est lié au grand sujet des apparitions de Fatima : la conversion des pécheurs. Il dit : « Les Cœurs de Jésus et de Marie ont sur vous des desseins de miséricorde. Offrez constamment au Très-Haut des prières et des sacrifices. »
Remarquons que, comme dans sa première apparition, l’Ange associe les cœurs de Jésus et Marie. Ils ont, dit-il, des desseins de miséricorde sur les petits voyants. Qu’est-ce que cela signifie ? L’Ange l’explique juste après : il s’agit de prier et d’offrir des sacrifices. Puis, en répondant à la question de Lucie sur les sacrifices, il précise qu’il faut les faire dans l’intention d’obtenir des grâces de conversion pour les pécheurs. C’est un acte de miséricorde par excellence. Car quel plus grand acte de charité pouvons-nous faire à notre prochain que de l’aider à faire son salut éternel ? Déjà dans la première apparition, l’Ange avait enseigné une prière demandant de prier pour les pécheurs. Ici, il précise le cadre de cette prière : participer au dessein de la miséricorde divine à l’égard de notre prochain. C’est pourquoi l’Ange leur dit que Jésus et Marie ont sur eux des desseins de miséricorde : ils veulent que les petits voyants participent à leur niveau à l’effusion de la miséricorde divine sur les pécheurs.
Mais l’Ange donne aussi une deuxième intention : réparer les péchés par lesquels Dieu est offensé. En effet, il convient non seulement d’empêcher le pécheur de continuer à faire le mal, mais aussi de réparer le mal qu’il a fait. L’Ange demande donc un double acte de charité, car il doit être fait à la fois pour l’offenseur et pour l’Offensé.
Et comment les petits voyants vont-ils pouvoir participer à cette œuvre infiniment au-dessus d’eux ? En offrant à Dieu non seulement des prières, mais aussi des sacrifices. Dans la première apparition, l’Ange n’avait parlé que de la prière. Ici, il demande d’offrir des prières et des sacrifices. Ainsi, il précise petit à petit le contenu du message que la Sainte Vierge développera plus précisément l’année suivante.
2e partie : Le secret de Fatima
Dans la précédente lettre de liaison, nous avons vu que le secret était structuré en quatre parties (et non trois comme on le dit habituellement), la quatrième étant celle que sœur Lucie appelait la "partie gardée cachée", partie improprement appelée "troisième secret". Que contient cette partie ? Ce point divise les catholiques. Le quatrième mémoire de sœur Lucie ne nous en dévoile que les premiers mots : « Au Portugal se conservera toujours le dogme de la foi, etc. » Rarement une formule aussi courte a fait couler autant d’encre.
En effet, jusqu’alors, les experts étaient unanimement d’accord pour dire que cette phrase était bien le début de la partie cachée et en avaient déduit que cette partie concernait avant tout une prophétie sur la perte de la foi (voir lettre de liaison n° 113). Voici par exemple ce qu’en disait le père Alonso :
Tous les auteurs se sont rendus compte que Lucie, dans le quatrième mémoire, a introduit le célèbre : « Au Portugal on conservera toujours le dogme de la foi, etc. ». Ils en ont déduit avec certitude que la "troisième chose" commençait là (…) Cette phrase insinue en toute clarté un état critique de la foi dont souffriront d’autres nations, c’est-à-dire, une crise de la foi ; tandis que le Portugal sauvera sa foi. (…)
Si « Au Portugal se conservera toujours le dogme de la foi » … il arrive en toute clarté qu’en d’autres pays ces dogmes vont ou bien s’obscurcir ou même se perdre.
Le Vatican affirme avoir révélé cette quatrième partie dans un dossier contenant sept documents, diffusé le 26 juin 2000. D’emblée, surgit une difficulté, car le document reproduisant le secret, la phrase sur le Portugal ne s’y trouve pas. Pourquoi ? Monseigneur Bertone donna à l'époque trois explications :
- une dans le dossier publié le 26 juin 2000,
- une dans une conférence donnée ce jour-là,
- une dans un livre publié en 2007 : La dernière voyante de Fatima.
L’explication donnée dans le dossier publié le 26 juin 2000
Voici l’explication que l’on trouve dans le document rédigé par Mgr Bertone, un des sept documents du dossier :
Le choix du troisième mémoire comme référence est inacceptable, car il est moins récent et moins complet que le quatrième. Ce procédé n’est pas conforme à l’usage en matière d’histoire. Lorsqu’il existe plusieurs documents sur un même fait, il faut utiliser prioritairement le plus récent, surtout lorsqu’il contient des compléments importants, après avoir vérifié sa conformité avec le sens général des documents précédents. De plus, qualifier d’annotation le complément du quatrième mémoire signifie que, pour le Vatican, la phrase sur le Portugal ne fait pas partie du secret, ce qui tout aussi inacceptable. (Voir lettre de liaison n° 113)
Juste après ce passage est placée une reproduction des pages concernées du troisième mémoire, suivie d’une traduction, à la fin de laquelle se trouve une note de bas de page, la n° 7, que voici :
La phrase est bien celle du quatrième mémoire, mais elle est sortie du texte, ce qui fait qu’il n’est pas possible de savoir si elle est ou non dans le texte, vraisemblablement pour faire croire que c’est bien une annotation. Or, en réalité la phrase est en plein milieu d’un paragraphe, ce qui lui dénie toute possibilité d’être une annotation. (Voir lettres de liaison n° 108 et n° 113)
Au passage, la reproduction du troisième mémoire présente aussi des curiosités, car si le texte reproduit est bien celui du troisième mémoire, la disposition des lignes est différentes. (Voir annexe)
L’explication donnée au cours de la conférence de presse du 26 juin 2000
Au cours de la conférence de presse donnée le 26 juin 2000, jour de la publication du dossier du Vatican, un journaliste demanda à Mgr Bertone si, selon lui, la phrase sur le Portugal appartenait à la deuxième ou à la troisième partie du secret (c’est-à-dire à la partie connue ou à la partie cachée). Curieusement, Mgr Bertone répondit : « Il est difficile de dire si elle se réfère à la deuxième ou à la troisième partie. Il me semble qu’elle appartient à la deuxième. » Pourquoi Mgr Bertone ne répond-il pas que c’est une annotation, comme il l’a écrit dans le dossier ? Ou alors, serait-ce une annotation de la deuxième partie ? Et si elle appartient à la deuxième partie, pourquoi sœur Lucie ne l’a-t-elle pas révélée dans le troisième mémoire ? Enfin, en quoi la phrase sur le Portugal complète-t-elle ce que contient la deuxième partie ? On ne voit aucun lien entre cette phrase et la partie connue.
L’explication donnée dans le livre La dernière voyante de Fatima
Dans son livre La dernière voyante de Fatima, publié en 2007, Mgr Bertone, devenu entre-temps cardinal et secrétaire d’État, revient sur son idée initiale et laisse entendre qu’il s’agit bien d’une annotation :
Le troisième secret serait la suite de la phrase : « Em Portugal se cosnervará o dogma da fe’ecc… », suite qui, selon les fatimistes, serait explosive. Après ce "etc.", il y a, il y aurait un autre texte. Et à l’étranger, on soutient obstinément que le commentaire ne devait pas être fait sur le Troisième Mémoire de sœur Lucie mais sur le quatrième, le dernier écrit par voyante. Dans le Quatrième Mémoire, sœur Lucie rapporte les propos de la Vierge : « Cela ne le dites à personne. À François, oui, vous pouvez le dire ».
Ainsi, pour le cardinal Bertone, seules les deux phrases « Cela ne le dites à personne. À François, oui, vous pouvez le dire », qui sont effectivement un ajout du quatrième mémoire par rapport au troisième, sont donc des paroles de la Sainte Vierge. En conséquence, la phrase sur le Portugal, n’appartient pas au secret et est un ajout de sœur Lucie. Mais le cardinal ne donne aucune justification à son affirmation. Et il n’a jamais, semble-t-il, demandé à sœur Lucie ce que signifiait cette phrase du quatrième mémoire, alors qu’il eut trois entretiens avec elle : le premier le 27 avril 2000, peu avant la diffusion du dossier du Vatican ; les deux autres après, les 17 novembre 2001 et 9 décembre 2003. Le cardinal reconnut que la durée totale de ces trois entretiens avait atteint « au moins dix heures ». Et il savait parfaitement que cette phrase était problématique puisqu’il hésitait sur le fait de savoir si elle faisait ou non partie du secret. Pourquoi n’a-t-il pas posé la question à sœur Lucie ? Ou s’il l’a posée, pourquoi n’a-t-il pas communiqué la réponse ?
Que cherche le cardinal Bertone ?
Toutes ces questions viennent s’ajouter aux questions soulevées par d’autres déclarations de Mgr Bertone et analysées dans de précédentes lettres de liaison. Ainsi, on ne comprend pas pourquoi le cardinal Bertone a cherché à faire croire que la date de 1960 avait été inventée par sœur Lucie, alors qu’elle a toujours affirmé que c’était la Sainte Vierge qui l’avait fixée. (Voir lettres de liaison n° 109 et n° 110) En particulier, au cours d'une émission à la télévision, il montra deux enveloppes sur lesquelles était inscrite la mention suivante : « Par ordre exprès de Notre-Dame, cette enveloppe pourra seulement être ouverte en 1960, par son Excellence Révérendissime Monseigneur le cardinal patriarche de Lisbonne ou par son Excellence Révérendissime Monseigneur l’Évêque de Leiria ». N’aurait-il pas été plus simple de dire que cette date avait été fixée par Notre-Dame, conformément à ce qui était écrit sur les enveloppes ? Quelle importance pouvait-il y avoir à cacher cette date puisque de toutes les façons, pour le Vatican, il n’y a pas eu réellement d’apparitions à Fatima : il n’y a eu que des visions intérieures (voir lettres de liaison n° 115 et n° 117).
De plus, les enveloppes présentées posent aussi plusieurs questions : leur nombre (quatre au lieu de deux) est étonnant. Et les mentions ne sont pas celles indiquées par ceux qui les ont vues ou eues en main. Le nombre de cachets de cire sur les enveloppes n’est pas conforme à ce qu’a pu observer Mgr Venancio avant d’envoyer la lettre contenant le secret au Saint-Siège (voir lettre de liaison n° 109).
Voici donc trois faits inexplicables en l’état actuel des informations données par le Vatican. Or le cardinal Bertone eut trois longs entretiens avec sœur Lucie. Il était parfaitement au courant des questions soulevées par ces trois points puisqu’il les aborde dans les différentes déclarations qu’il a faites. Jusqu’à présent le Saint-Siège n’a donné aucune réponse. Pourquoi ? Si tout a été révélé sur le secret, pourquoi le Vatican garde-t-il le silence sur toutes ces questions ?
Tant qu’il n’y aura pas de réponse à ces questions, il subsistera un doute sur le réel contenu de la partie cachée. Malgré son autorité de secrétaire d’État, c’est-à-dire une des plus hautes autorités de l’Église, toutes ces questions entament la crédibilité des propos du cardinal Bertone.
En union de prière dans le Cœur Immaculé de Marie.
Yves de Lassus
ANNEXE
Dans le dossier publié par le Vatican le 26 juin 2000, figure la reproduction d'un passage du troisième mémoire de sœur Lucie contenant la partie révélée du secret. Cette reproduction pose plusieurs questions.
Ce point ne concerne pas directement le contenu de la partie cachée du secret puisqu’il s’agit de la partie connue depuis 1941. Mais la disposition des lignes dans le dossier du Vatican diffère sensiblement de celle du mémoire de sœur Lucie. Ce n’est peut-être qu’un détail, mais qui a malgré tout son importance, car il ajoute une question supplémentaire aux questions que soulève le dossier du 26 juin, questions qui entament la crédibilité que l’on doit normalement accorder à un texte venant du Saint-Siège.
Source des informations
En 1973, le père António Maria Martins, s. j., publia un livre de 467 pages, intitulé Memorias e cartas da Irmã Lucia, édité par L. E., Rua Nossa Senhora de Fátima, 296 - 5.°, Porto. Ce livre reproduit intégralement les quatre mémoires de sœur Lucie écrit entre 1936 et 1941, ainsi que différentes lettres qu’elle écrivit entre 1927 et 1970.
Tous ces textes sont présentés de la même façon :
- sur les pages de gauche, se trouvent les reproductions photographiques des écrits de sœurs ;
- sur les pages de droite, se trouvent trois colonnes contenant une version dactylographiée du texte de sœur Lucie et deux traductions.
Deux versions de ce livre furent publiées : une version contenait des traductions en français et en anglais, l’autre des traductions en italien et en espagnol.
En 1976, le père Martins fit rééditer son livre auquel il avait ajouté quelques documents, en particulier le premier récit des apparitions fait en 1922 par sœur Lucie, différentes lettres écrites entre 1939 et 1945, ainsi que les interrogatoires menés en 1917 par le curé de la paroisse, l’abbé Marquès Ferreira.
Publié à Porto par le même éditeur, il s’intitule Documentos de Fátima et fait 531 pages. Les 467 premières pages sont strictement identiques à celles de l’édition de 1973. Comme pour l’édition précédente, plusieurs versions furent publiées, l’une avec des traductions en français et en anglais, l’autre avec des traductions en italien et en espagnol.
À notre connaissance, les différentes versions furent publiées à environ mille exemplaires chacune, et n’ont pas été rééditées depuis. Ces livres sont donc difficiles à trouver. Nous avons la chance d’en posséder deux :
- l’un de l’édition de 1973, dans la version avec les traductions française et anglaise,
- l’autre de l’édition de 1976, dans la version avec les traductions italienne et espagnole.
Nous avons donc la certitude d’avoir une copie exacte du troisième mémoire de sœur Lucie.
Quant au dossier diffusé par le Saint-Siège le 26 juin 2000, il se trouve intégralement sur le site du Vatican, à l’adresse suivante :
https://www.vatican.va/roman_curia/congregations/cfaith/documents/rc_con_cfaith_doc_20000626_message-fatima_fr.html
Il en existe sept versions : allemande, anglaise, espagnole, française, hongroise, italienne et portugaise.
Comparaison des deux reproductions
Le troisième mémoire fait douze pages. Chaque page contient 33 lignes, excepté la première et la dernière. La partie reproduite dans le dossier du Vatican s’étend sur 50 lignes.
Chaque ligne prise indépendamment est strictement identique dans toutes les reproductions : celles des livres du père Martins, comme celles du site du Vatican. Par contre, elles ne sont pas regroupées de la même façon.
Dans le troisième mémoire, la partie reproduite occupe :
- les 15 dernières lignes de la 1re page,
- toute la deuxième page (33 lignes),
- les deux premières lignes de la 3e page.
Dans le document du Vatican, si on se fie aux petits traits horizontaux qui apparaissent avant, au milieu et après le texte, la partie reproduite s’étend sur deux pages seulement, avec 26 lignes sur la première page, 24 sur la seconde. Les deux pages sont, de plus, de hauteur inégale, la seconde ayant une hauteur de 20% supérieure à la première.
Voici mises côte à côte, à gauche la reproduction du troisième mémoire, à droite celle du site du Vatican.
Remarques sur les différences constatées
Il ne peut y avoir deux versions différentes du troisième mémoire. Le seul original possible est celui reproduit par le père Martins. S’il existait un deuxième exemplaire, les photocopieuses n’existant pas à l’époque de sa rédaction (1941), il n’aurait pu être produit qu’à la main, et de ce fait, les deux originaux différeraient, car il n’est pas possible de reproduire manuellement à l’identique deux textes de 50 lignes. Monseigneur Bertone dit d’ailleurs dans le dossier : « Il existe un seul manuscrit, qui est ici reproduit photographiquement ». Et le fait que les lignes soient strictement identiques sur le site du Vatican, comme dans les livres du père Martins, montre qu’effectivement, il n’y a qu’un seul original. Mais dans ce cas, comment expliquer la différence de disposition des lignes ?
En principe, l’exemplaire du troisième mémoire détenu par le Vatican est une copie de l’original qui, lui, se trouve dans les archives de l’évêché de Fatima. En effet, en 1956, le Vatican demanda la copie de tous les écrits de sœur Lucie (voir lettre de liaison n° 109). Il se pourrait alors que, la taille des feuilles employées par sœur Lucie dépassant la capacité des photocopieuses utilisées pour faire les copies à envoyer au Vatican, une même page du mémoire de sœur Lucie ait demandé deux photocopies. Mais il n’y a aucune raison pour que, dans les photocopies, ne figurent pas les changements de page du mémoire. De même, on ne voit pas pourquoi les photocopies auraient conduit à ajouter un changement de page entre les lignes 26 et 27.
La deuxième page figurant sur le site du Vatican est, de plus, doublement curieuse, car après les 24 dernières lignes de la partie reproduite, elle laisse supposer qu’il y a un espace sans texte d’une hauteur équivalente à 7 ou 8 lignes, indiquant probablement une suite qui a été effacée afin de ne conserver que le texte du secret. Mais si l’idée était de ne garder que la partie du secret, pourquoi avoir ajouté une partie blanchie ? Il eut été plus simple de couper la partie qui ne concernait pas le secret.
On a beau essayer d’imaginer toutes les solutions possibles, on ne trouve pas d’explication. D’où une question à laquelle le Vatican devra répondre un jour ou l’autre : pourquoi la disposition des lignes dans la reproduction figurant sur le site du Vatican n’est-elle pas identique à celle du troisième mémoire ?