- Affichages : 11786
Nota : Le texte qui suit est tiré d'un livre publié par l’abbaye Saint Joseph de Clairval sur le scapulaire de Notre Dame du Mont Carmel.
Pour acheter ce livre, envoyez un chèque de 10 € (5 € + 5 € de port) à l'ordre de Traditions Monastiques, à Éditions Traditions Monastiques 21150 Flavigny sur Ozerain
Vous pouvez aussi le commander par internet à cette adresse :
http://www.traditions-monastiques.com/fr/livres-spiritualite/69-scapulaire-notre-dame-mont-carmel-l1106f.html?search_query=scapulaire&results=32
LE MARTYR DU SCAPULAIRE
Le bienheureux Isidore Bakanja est né au Zaïre, à l'époque, le Congo belge, à Mbilankamba, chez les Boangi, fraction de la grande ethnie Môngo, vers 1885. Son père Yonzwa et sa mère Inyuka ont eu deux autres enfants, un fils et une fille. Vers 1905, Isidore se fait embaucher comme aide maçon dans une entreprise de travaux publics à Mbakanda. Il suit en même temps le catéchuménat chez les Pères trappistes, est baptisé le 6 mai 1906, et reçoit le jour même le Scapulaire du Mont Carmel qu'il portera toujours. Isidore est confirmé la même année et fera sa première communion en 1908.
Assidu au travail, intègre et consciencieux, le jeune homme était aussi un chrétien très "engagé" et, frappés par sa sagesse, beaucoup le choisissaient comme catéchiste. Il savait s'imposer une discipline telle que ses activités religieuses n'interféraient en rien dans sa vie professionnelle.
Isidore choisit de suivre son nouveau patron, qui l'apprécie comme travailleur infatigable, honnête et courtois, et qui vient d'être nommé à Ikili. Isidore est prévenu que, dans cette localité, certains dirigeants de la S.AB. (Société Anonyme Belge) manifestent une grande aversion contre les chrétiens.
Le gérant de la S.AB., M. Van Cauter, ennemi fanatique du catholicisme, ne tolère pas l'influence religieuse de Bakanja sur les autres travailleurs de l'entreprise, ni les signes extérieurs de sa Vie chrétienne, notamment le Scapulaire qu'il porte au cou. Sa haine est d'autant plus forte qu'Isidore est respectueux, irréprochable, très courageux et plein d'assurance dans ses convictions religieuses.
Une première fois, en février 1909, Van Cauter ordonne avec grossièreté à Isidore, qui le servait à table, d'ôter son Scapulaire. Le jeune homme répond calmement : « Maître, tu exiges que j'enlève l'habit de la Sainte Vierge. Je ne le ferai pas. En tant que chrétien, j'ai le droit de porter mon Scapulaire ». Le lendemain, Van Cauter ordonne à ses employés de frapper Bakanja de 25 coups de "chicotte" (fouet de cuir). Il supporte cette torture avec une patience angélique.
Isidore continue à mener sa vie normale de travailleur, de chrétien et de catéchiste. Van Cauter ne supporte plus son influence : il enjoint à Isidore de ne plus répandre « les ordures que tu as apprises chez les Pères », et ajoute : « Je ne veux plus de chrétiens ici, c'est compris ? » ; et arrachant le scapulaire que porte le jeune homme, il le jette à son chien. Puis il va lui-même chercher la chicotte de peau d'éléphant, percée de deux clous, et fait battre Isidore jusqu'au sang. Les employés chargés de cette besogne ne veulent d'abord pas obéir, mais ils finissent par le faire sous la menace du même supplice, tandis que Van Cauter frappe le martyr à coups de pied. Les témoins au procès de béatification, en 1913, ont parlé d'au moins deux cents coups. Après ce supplice, Isidore, inconscient, doit être porté en prison. Van Cauter lui attache les pieds dans deux anneaux métalliques fermés avec un cadenas et reliés à un énorme poids. Le blessé demeurera quatre jours dans cet endroit, sans soins et sans nourriture.
À ce moment parvient à Ikili la nouvelle de l'arrivée, par le fleuve Congo, d'un inspecteur de la Société. Pris de panique, Van Cauter fait transporter Isidore à Isako, pour le dissimuler, mais celui-ci se laisse glisser au bord d'un marais, près du chemin qui mène au débarcadère. C'est là que l'inspecteur Dörpinghaus le trouvera ; celui-ci déclarera lui-même que le corps d'Isidore n'était qu'une plaie purulente envahie de mouches. Cet homme droit et humain le fait transporter sur son bateau à Busira pour le faire soigner chez un cousin, mais il était trop tard et l'infection ne pouvait plus être conjurée. L'enquête ordonnée devait montrer que le cas de Bakanj a était loin d'être le seul: une véritable persécution contre les missions catholiques de la part des cadres de la S.A.B. était en cours.
Le mot d'ordre était : empêcher par tous les moyens les employés africains de porter sur eux un Scapulaire ou un rosaire. Van Cauter devait finalement, à l'issue d'un procès qui fit éclater la parfaite innocence du martyr, être condamné à deux ans et demi de prison.
Mais Bakanja n'avait pu guérir de ses blessures. À la fin de juillet 1909, un Père trappiste lui administrait les derniers sacrements. Isidore put exprimer le pardon qu’il accordait généreusement à son meurtrier et assurer qu’il prierait beaucoup pour lui au ciel. Le 15 août 1909, en la fête de l'Assomption dc la Bienheureuse Vierge Marie, physiquement épuisé par six mois de souffrances intolérables, Isidore Bakanja expira paisiblement.
Tous les témoins s'accordent pour dire que Van Cauter avait fait flageller Isidore à mort à cause de sa qualité de chrétien et en haine des disciples du Christ. Et c'est le scapulaire qu'il portait ostensiblement, en signe de sa consécration à Marie, qui avait exaspéré cet homme brutal et l'avait décidé à supprimer le courageux catéchiste.
Isidore Bakanja a été proclamé Bienheureux par Sa Sainteté le Pape Jean-Paul Il en avril 1994.