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Méditation pour le 2e mystère joyeux

Tirée des Méditations sur les mystères de notre sainte foi
du vénérable père Du Pont, s. j.

Le cantique « Magnificat »

Considérons ce que la Vierge répondit aux paroles d'Élisabeth. Remplie elle-même de l'Esprit qui inspire les prophètes, elle composa et prononça sur-le-champ son admirable cantique le Magnificat, sur lequel faisons d'abord deux réflexions.

1) Marie vient d'entendre de la bouche d'Élisabeth beaucoup de choses à sa louange, et elle ne répond pas directement à celle qui achève de faire son éloge, comme en usent ordinairement les personnes du monde, sous prétexte de marquer leur reconnaissance, mais elle adresse à Dieu toutes les paroles de sa réponse. Elle nous apprend par là de quelle manière nous devons-nous conduire quand on nous loue. C'est toujours alors le meilleur et le plus sûr de détourner le discours et de nous entretenir avec Dieu, seul auteur des biens que l'on paraît estimer en nous.

2) La Vierge, qui était si réservée et si mesurée dans ses paroles lorsqu'elle traitait avec les anges ou avec les hommes, s'étend bien davantage lorsqu'elle parle à Dieu et qu'elle publie ses grandeurs. Dans le premier cas, elle fait preuve de prudence et de circonspection ; dans le second elle manifeste l'ardeur de son amour et la vivacité de sa reconnaissance, selon ce conseil du Sage : Vous qui bénissez le Seigneur, exaltez-le autant que vous pourrez ; car il est plus grand que toutes les louanges. Comme donc celui qui est plein de Dieu ne parle que de Dieu, n'a d'affection que pour Dieu, ne se plaît qu'à le louer et à le glorifier de toutes ses puissances, parce que la bouche parle de l'abondance du cœur, ainsi la Vierge possédant son Dieu au milieu d'elle, laisse échapper de sa bouche bénie ce céleste cantique rempli d'affections toutes divines. Les dix versets dont il est composé, représentent l'instrument à dix cordes, ou la harpe sur laquelle, comme le Psalmiste nous y invite, nous devons chanter les louanges du Seigneur. Il nous sera donc utile d'en peser toutes les paroles, afin d'apprendre à le réciter avec ferveur d'esprit, en l'honneur de celle qui l'a chanté la première. À chaque parole ou verset, tâchons d'exciter en nous quelque sentiment de dévotion ou de joie, dans la considération des grandeurs et des vertus de Notre-Dame.

1) MON ÂME GLORIFIE LE SEIGNEUR

Par ce premier verset, Marie nous apprend de quelle manière et dans quel esprit nous devons louer Dieu. Concevons de son être infini de grandes et sublimes pensées ; exaltons de tout notre pouvoir ses perfections ineffables : sa bonté, sa miséricorde, sa sagesse, sa charité, son domaine absolu sur toutes ses créatures. Mais il ne suffit pas de l'honorer des lèvres, il faut encore y employer le cœur et toutes les puissances de notre âme, les conviant, à l'exemple de David, à louer le Seigneur. Remarquons aussi que la Vierge ne dit pas : « Mon âme a glorifié » ou « Mon âme glorifiera », mais « Mon âme glorifie le Seigneur ». Elle nous montre par là que son principal soin, son occupation continuelle est de rendre gloire à Dieu, en faisant sur la terre ce que les anges font dans le ciel. Oh ! si notre âme pouvait glorifier sans cesse le Seigneur

2) ET MON ESPRIT EST RAVI DE JOIE EN DIEU MON SAUVEUR

La très sainte Vierge nous fait connaître par ces paroles le moyen de nous réjouir en Dieu, et elle indique quatre conditions requises pour que cette joie soit pure et parfaite.

1) Faisons consister principalement notre joie et notre allégresse, non dans les choses matérielles, mais dans les choses spirituelles. Réjouissons-nous, moins dans les dons que nous avons reçus, que dans l'auteur et le distributeur de ces dons, qui est Dieu même.

2) Quoique nous devions nous réjouir en Dieu, parce qu'il est notre Créateur, nous le devons surtout parce qu'il est notre Sauveur et notre Sanctificateur, puisque c'est à ce double titre qu'il produit en nous la véritable allégresse, fondée sur le salut et la sanctification de nos âmes par la grâce.

3) Cette joie doit être principalement dans l'esprit, ou dans la partie supérieure de l'âme, afin qu'elle soit plus pure et qu'elle n'ait rien de commun avec la chair ni avec les plaisirs qui flattent les sens, bien que la joie de l'esprit rejaillisse quelquefois sur le corps, selon cette parole de David : Mon cœur et ma chair ont tressailli de joie dans le Dieu vivant.

4) Enfin, notre esprit ne doit point se réjouir en lui-même, comme s'il n'était redevable qu'à ses mérites des biens dont il se réjouit. Que sa joie soit en Dieu son Sauveur, de qui il les a reçus, et qu'elle s'appuie sur lui seul. Mon âme, disait le roi-prophète, se réjouira dans le Seigneur, et elle trouvera ses délices dans son Sauveur.

Telle fut la joie de la Vierge. Elle jeta les yeux en ce moment sur le Sauveur qu'elle portait dans ses entrailles, et elle s'écria dans un transport d'amour : Mon esprit est ravi de joie en Dieu mon Sauveur.

3) PARCE QU'IL A REGARDÉ LA BASSESSE DE SA SERVANTE.

Dans ce verset et les suivants, la Vierge déclare dix bienfaits signalés, trois spéciaux et sept généraux, qui sont les principaux motifs pour lesquels elle glorifie le Seigneur, se réjouit en lui et lui témoigne une si vive reconnaissance.

Le premier motif est qu'il a regardé la bassesse et la petitesse de sa servante. Dans ces courtes paroles Marie indique deux causes des bienfaits divins : l'une, qui est la principale, prise du côté de Dieu ; l'autre, du côté de nous-mêmes.

La cause tirée du côté de Dieu consiste en ce qu'il daigne nous regarder d'un œil favorable pour nous faire du bien. Car, quoiqu'il soit vrai que Dieu voit toutes choses, on ne dit pas cependant qu'il les regarde toutes, ni qu'il estime celles qu'il laisse dans les profondeurs du néant ou dans l'abîme de leur misère ; mais il regarde, à proprement parler, celles envers lesquelles il veut user de sa grande miséricorde.

La cause tirée du côté de nous-mêmes est la connaissance et l'aveu de notre bassesse. Or l'humble Marie, éclairée par le Saint-Esprit, réunit ces deux causes en glorifiant Dieu de ce qu'il a daigné regarder, non l'humilité, mais la bassesse de sa servante. Elle ne se flatte donc point, par ces paroles, d'avoir la vertu d'humilité, mais elle la pratique. Car, par là-même qu'elle est vraiment humble, elle ne se croit pas humble ; ou du moins, elle se garde bien de s'en glorifier. Elle proclame, au contraire, avec humilité, qu'elle est petite, qu'elle est méprisable, qu'elle est abjecte comme une esclave, et que, malgré cela, Dieu n'a point dédaigné de jeter les yeux sur elle.

Apprenons des paroles de Marie que nos cantiques de louanges, nos actions de grâces au Seigneur pour les bienfaits dont il nous a comblés, doivent être fondés sur la connaissance de notre bassesse et de notre indignité. S'il en est ainsi, nous ne serons point exposés au danger de nous complaire en nous-mêmes, comme le Pharisien superbe dont Jésus-Christ parle dans l'Évangile. Loin de là, nous pourrons nous servir de notre pauvreté même, comme d'un titre, pour demander à Dieu qu'il nous regarde favorablement et qu'il nous enrichisse de ses dons ; puisque nous savons qu'il se plaît, dit le Psalmiste, à considérer les plus faibles de ses créatures dans le ciel et sur la terre. Le même prophète l'avait expérimenté lorsqu'il disait de lui : Parce que vous avez regardé mon humiliation, vous avez délivré mon âme de tous ses maux.

4) VOICI QUE DÉSORMAIS TOUTES LES GÉNÉRATIONS ME DIRONT BIENHEUREUSE

C'est le second motif que la très sainte Vierge a de glorifier le Seigneur. Depuis, dit-elle, qu'il a regardé la bassesse de sa servante, et parce qu'il l'a regardée, toutes les générations, présentes et futures, qui croiront en Jésus-Christ, la publieront bienheureuse dans tous les âges. Le sujet de sa joie, ce ne sont point les louanges qu'on lui donnera ; ce sont les grâces extraordinaires que Dieu lui a faites ; ce sont les avantages que doivent recueillir tous ceux qui feront profession de l'honorer et de la servir.

De tout ceci, concluons qu'un des grands motifs que nous avons de nous réjouir dans le Seigneur, est l'espérance ferme du bonheur éternel qu'il nous prépare. C'est pourquoi Notre-Seigneur Jésus-Christ disait à ses disciples : Ne vous réjouissez point de ce que les esprits vous sont soumis ; mais réjouissez-vous plutôt de ce que vos noms sont écrits dans le ciel. Et saint Paul nous exhorte à nous réjouir dans l'espérance d'obtenir la béatitude qui nous est promise.

5) CAR CELUI QUI EST TOUT-PUISSANT A FAIT EN MOI DE GRANDES CHOSES, ET SON NOM EST SAINT

Marie déclare ici le troisième motif pour lequel elle glorifie le Seigneur. Elle repasse dans sa mémoire toutes les merveilles qu'il a opérées en elle, les bienfaits singuliers dont il l'a comblée depuis le premier instant de sa conception jusqu'à ce jour ; elle considère spécialement le prodige inouï d'une vierge féconde, et l'honneur qu'elle a d'être mère, non d'un simple mortel, mais de Dieu même ; et, transportée d'admiration à la vue de tant de grandeurs, elle exalte celui qui en est l'auteur, et elle les attribue à sa toute-puissance et à la sainteté de son nom : à sa puissance, qui a tout exécuté ; à sa sainteté, qui a fait agir sa puissance, afin que son Nom fût sanctifié et glorifié dans tous les siècles. Or, en disant que Dieu a fait en elle de grandes choses, elle nous donne à entendre qu'il l'a faite grande elle-même dans les choses qui rendent les hommes grands devant Dieu, c’est-à-dire la sainteté et les dons surnaturels : car puisque le Fils était grand, il convenait que la Mère fût grande. Nous voyons, par la conduite de la Mère de Dieu, qu'il n'est point contraire à l'humilité de reconnaître les dons que Dieu a mis en nous. L'apôtre saint Paul remarque même que le Saint-Esprit nous les découvre, afin que nous lui en témoignions notre reconnaissance, et que nous en renvoyions toute la gloire à la puissance et à la sainteté de Dieu, unissant inséparablement ces deux attributs, à l'exemple des quatre mystérieux animaux qui ne cessent de louer le Seigneur jour et nuit, en disant : Saint, Saint, Saint est le Seigneur Dieu tout-puissant, qui était, qui est et qui doit venir.

6) SA MISÉRICORDE SE RÉPAND DE GÉNÉRATION EN GÉNÉRATION SUR CEUX QUI LE CRAIGNENT.

C'est le quatrième motif qui porte la Vierge à louer et à remercier le Seigneur. Elle songe non seulement aux bienfaits qu'elle a reçus, mais encore aux bienfaits nombreux qu'elle espère recevoir ; non seulement aux grâces que Dieu lui a faites à elle-même, mais encore à celles qu'il fait à tous les peuples de la terre : et elle se réjouit de voir que la miséricorde du Seigneur s'exerce sans interruption, qu'elle est infinie, éternelle, et qu'elle s'étend à tous ceux qui le servent et le craignent, de quelque nation qu'ils puissent être. C'est, en effet, le propre des justes, lorsqu'ils considèrent les bienfaits qu'ils ont déjà reçus, d'en attendre beaucoup d'autres de la divine miséricorde, selon cette parole de saint Paul : Celui qui nous a délivrés de si grands périls, et qui nous en délivre tous les jours, nous en délivrera à l'avenir, comme nous l'espérons de sa bonté. C'est encore la conduite ordinaire des saints de penser que le Soleil de justice ne se lève pas pour éclairer seulement leur demeure, mais de croire, avec des sentiments plus élevés et plus dignes d'une miséricorde qui n'a point de bornes, qu'elle s'étend à une infinité d'autres hommes, et cela dans tous les siècles. Regardant comme accordés à eux personnellement les bienfaits distribués à tout le genre humain, ils en rendent grâces au souverain Bienfaiteur, et ils ressentent une extrême joie d'avoir un Dieu si enclin à la miséricorde, qu'il ne refuse de la faire à aucun de ceux qui le craignent. C'est ce que David publie hautement dans le psaume cent deuxième, qu'il emploie tout entier à bénir et à remercier le Seigneur qui l'a couronné de sa miséricorde, lui et tous les justes.

7) IL A DÉPLOYÉ LA FORCE DE SON BRAS.

Le cinquième motif qui oblige Marie à glorifier le Seigneur, ce sont les œuvres de sa toute-puissance, qui, d'elle-même et sans aucun secours étranger, opère les plus étonnantes merveilles. La Vierge repasse les principales dans sa mémoire. Elle se rappelle que Dieu, d'une seule parole, a créé l'univers, qu'il le conserve et le gouverne avec une admirable sagesse. Elle se rappelle les prodiges par lesquels il a délivré son peuple de la servitude des Égyptiens, et tant d'autres miracles rapportés dans la sainte Écriture. Elle a surtout présente à l'esprit l'œuvre de l'Incarnation, dans laquelle Dieu a fait paraître avec tant d'éclat la force de son bras tout-puissant. Frappée de tant de merveilles, elle en rend gloire au Seigneur, renfermant dans un seul mot tous les effets prodigieux de la puissance divine que le roi-prophète raconte en particulier, au psaume cent trente-cinquième. Il faut encore remarquer que, dans ce verset et les suivants, Marie parle non seulement de ce que Dieu a fait, mais aussi de ce qu'il a coutume de faire par un pur effet de sa bonté envers ses créatures. Elle le remercie donc des grandes choses qu'il opère par la force de son bras quand il lui plaît, et en faveur de qui il lui plaît. Or, ce qu'il a fait dans le passé, il le fait dans le présent, et il le fera dans l'avenir. Cette pensée doit être pour nous un puissant motif de nous réjouir dans le Seigneur, et d'espérer qu'il fera aussi en notre faveur de grandes choses, par la vertu de son bras infiniment puissant.

8) IL A DISSIPÉ LES DESSEINS QUE LES ORGUEILLEUX FORMAIENT DANS LEUR CŒUR

Le sixième motif pour lequel la Vierge glorifie le Seigneur, c'est qu'il fait éclater sa puissance non seulement par les œuvres de sa miséricorde, mais encore par celles de sa justice, humiliant les superbes, déjouant leurs projets et dissipant les pensées de leur cœur. Elle repasse dans son esprit quelques-uns des exemples terribles de la justice divine. Elle se représente la chute de Lucifer qui osa, dire en lui-même : Je monterai par-dessus les cieux, j'établirai mon trône au-dessus des astres, et je serai semblable au Très-Haut. Elle se rappelle le châtiment des insensés qui entreprirent de construire une tour dont le faîte s'élevât jusqu'au ciel. Elle pense à Pharaon, à Nabuchodonosor et à tant d'autres, dont Dieu confondit l'orgueil et renversa les desseins. Et, dans cette considération, elle loue le Seigneur qui est digne de louange dans toutes ses œuvres, prévenant ainsi son divin Fils qui devait dire un jour : Je vous rends grâces, mon Père, Seigneur du ciel et de la terre, parce que vous avez caché ces choses aux sages et aux prudents, et que vous les avez révélées aux petits.

9) IL A RENVERSÉ LES PUISSANTS DE LEUR TRÔNE, ET IL A ÉLEVÉ LES HUMBLES. IL A REMPLI DE BIENS CEUX QUI ÉTAIENT AFFAMÉS, ET IL A RENVOYÉ LES MAINS VIDES CEUX QUI ÉTAIENT RICHES.

Marie exprime dans ces deux versets deux autres motifs qui l'excitent à glorifier le Seigneur : l'exercice de sa justice, l'exercice de sa miséricorde, qu'il ne sépare point l'un de l'autre. Il fait éclater sa justice en renversant de leur trône les potentats de la terre, en les privant de leurs États, de leurs dignités, de leurs grandeurs ; et il montre sa miséricorde en élevant à leur place des hommes d'une condition basse et méprisée. C'est ainsi qu'il bannit pour jamais du ciel les anges rebelles, et qu'il réserva à d'humbles mortels les couronnes qu'il destinait à ces esprits orgueilleux. C'est ainsi qu'il ôta au superbe Satan le royaume de ce monde, où il régnait en tyran, pour le donner à Jésus-Christ, le maître et le modèle de l'humilité ; petite pierre, nous dit le prophète Daniel, qui, d'elle-même et sans la main de l'homme, se détacha de la montagne, renversa la statue gigantesque qui figurait les quatre plus florissantes monarchies de l'univers, et devint ensuite une montagne immense qui remplit toute la terre. Telle a été dans tous les siècles la conduite de la divine Providence, ainsi qu'il est dit au livre de Job ; toujours elle a prouvé la vérité de cette parole sortie de la bouche du Verbe incarné : Quiconque s'élève sera abaissé, et quiconque s'abaisse sera élevé.

De la même manière, quand le Seigneur voit des pauvres qui sentent leur misère, des pauvres qui ont faim et soif de la justice, il les remplit de biens spirituels et satisfait tous leurs désirs ; tandis qu'il laisse dans leur indigence les riches présomptueux qui se croient dans l'abondance et pensent n'avoir besoin de personne. Les riches, dit à ce sujet le Psalmiste, ont été réduits à l'indigence et ont eu faim ; mais ceux qui cherchent le Seigneur ne manqueront d'aucun bien.

10) IL A PRIS EN SA PROTECTION ISRAËL SON SERVITEUR, SE SOUVENANT DE SA MISÉRICORDE, AINSI QU'IL L'AVAIT PROMIS À NOS PÈRES, À ABRAHAM, ET À SA POSTÉRITÉ POUR JAMAIS.

Dans ces deux versets, l'auguste Marie nous propose deux derniers motifs très puissants de louer Dieu et de nous réjouir en lui.

Le premier est le soin et la providence toute paternelle qu'il exerce à l'égard de ceux qu'il a pris sous sa conduite et à sa charge, comme ses serviteurs et ses enfants. Il veut les secourir en personne ; et quoiqu'il paraisse quelquefois les oublier pour un temps, au moment marqué, il se rappelle sa miséricorde et vient à leur secours, comme il se souvint d'Israël et de tous les peuples du monde, et leur apporta le remède dont ils avaient besoin, en se faisant homme.

Le second est la fidélité inviolable avec laquelle Dieu accomplit les promesses qu'il fit à nos anciens pères, en faveur de tous leurs descendants jusqu'à la consommation des siècles. Ne garda-t-il pas, en effet, la parole qu'il avait donnée à Abraham et à David de s'unir à notre nature pour les guérir de leurs maux et leur procurer le salut éternel, à eux et à leur postérité la plus reculée ? Ces deux considérations embrasaient l'âme de la très pure Vierge et la portaient à glorifier le Seigneur, et à se réjouir en Dieu son Sauveur. Elles exciteront dans la nôtre les mêmes sentiments, si nous considérons avec attention les effets de la providence de Dieu sur ses enfants ; si nous observons avec quelle fidélité il accomplit chaque jour les promesses qu'il a faites aux apôtres, qui sont les pères du peuple chrétien, n'oubliant point leurs descendants, c’est-à-dire les enfants de l'Église, dont il se souviendra jusqu'à la fin du monde.

Telles sont les dix raisons ou motifs que la Vierge allègue dans ce cantique, et que le Verbe éternel, incarné dans son sein, lui suggérait intérieurement pour glorifier le Seigneur. Servons-nous en pour la même fin, choisissant tantôt l'un, tantôt l'autre, afin d'avoir toujours en main comme un instrument à dix cordes pour louer Dieu sans cesse. Mais parce que, de nous-mêmes, nous sommes incapables de le faire comme nous le devons, supplions le Verbe incarné de nous enseigner cette science, comme il l'enseigna à sa Mère, et prions Marie de nous obtenir cette grâce, pour la gloire de son divin Fils.

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