Dieu veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé. Notre-Dame, le 13 juillet 1917

J’ai déjà dit, dans le second écrit, que Notre Dame, le 13 Juin 1917, m’assura que jamais Elle ne m’abandonnerait et que son Cœur Immaculé serait mon refuge, et le chemin qui me conduirait à Dieu. Ce fut en prononçant ces paroles qu’Elle ouvrit les mains et fit pénétrer dans notre poitrine le reflet de lumière qui en sortait. Il me semble que, ce jour-là, ce reflet avait pour but principal de mettre en nous une connaissance et un amour spécial envers le Cœur Immaculé de Marie.

Voici la rédaction qu’elle en fit quatre mois plus tard dans le 4e mémoire :

Ce fut au moment où Elle prononça ces dernières paroles qu’Elle ouvrit les mains et nous communiqua, pour la seconde fois, le reflet de cette lumière immense. En elle, nous nous vîmes comme submergés en Dieu. Jacinthe et François paraissaient être dans la partie de cette lumière qui s’élevait vers le Ciel, et moi dans celle qui se répandait sur la terre.

Dans ce 4e mémoire, Lucie ajoute un fait qu’elle n’a pas rapporté dans le 3:

Devant la paume de la main droite de Notre Dame se trouvait un cœur, entouré d’épines qui semblaient s’y enfoncer. Nous avons compris que c’était le Cœur Immaculé de Marie, outragé par les péchés de l’humanité, qui demandait réparation.

Importance des visions par rapport aux paroles

Il est important de s’arrêter quelque temps sur ce geste que Notre-Dame fit au cours de quatre de ses six apparitions de 1917 (Voir lettre de liaison n° 146). Cette partie des apparitions est souvent méconnue, quand elle n’est pas carrément occultée, comme dans le film Fatima de Marco Pontecorvo, paru il y a deux ans (voir lettre de liaison n° 128). Or, cette partie est au moins aussi importante que le reste.

En effet, les apparitions de Notre-Dame ne sont pas constituées uniquement de paroles. Ce qu’ont vu les petits voyants est au moins aussi important que ce qu’ils ont entendu. En effet, une vision est toujours plus riche que de simples paroles. Qui nierait que les visioconférences sont plus riches que les appels téléphoniques ? Par la vue, nous percevons des éléments que ne transmet pas la parole.

Mais cette richesse entraîne une difficulté. En effet, il est beaucoup difficile de rapporter une vision qu’une parole et la description d’une vision, aussi longue soit-elle, ne peut qu’imparfaitement représenter la vision elle-même : le voyant est obligé de transcrire en mots ce qu’il voit, ce qui entraîne nécessairement une certaine interprétation de sa part. Pour reproduire un tableau, un peintre a besoin de le voir : avec une description même très détaillée, il ne pourra pas le reproduire exactement.
Dites quelques mots à deux ou trois personnes et demandez-leur ensuite de vous répéter ce que vous avez dit : dans la majorité des cas, elles rediront fidèlement vos paroles. Répétez exactement ce que l’on a entendu, si le discours n’est pas trop long, n’est pas une difficulté insurmontable.
Maintenant présentez à ces mêmes personnes un tableau, un joli paysage de montagne par exemple, et demandez-leur ensuite de vous décrire ce qu’elles ont vu : vous ne pourrez jamais obtenir exactement le même descriptif. Chaque personne sera plus marquée par certains détails que par d’autres. Car un tableau contient infiniment plus de détails que des paroles ou même un long discours. Les différentes descriptions faites par les personnes interrogées seront sans doute très proches : c’est un paysage de montagnes, partiellement enneigées, … Mais dès qu’elles commenceront à vouloir donner quelques détails, les discours divergeront : l’une commencera par décrire les personnages s’il en a, une autre les habitations, une autre la végétation. Elles ne peuvent transmettre que quelques éléments qu’elles choisissent en fonction de leur sensibilité. Elles sont obligées d’opérer une certaine transformation, d’interpréter dans leur langage ce qu’elles ont vu.

Certains en tirent un prétexte pour dire qu’on ne peut pas se fier à ces descriptions. C’est parfaitement faux ! Certes, les détails varieront d’une personne à l’autre, mais leurs différentes descriptions, pour différentes qu’elles soient, se complèteront. Et les grandes lignes seront les mêmes. S’il s’agit de montagnes, toutes diront que ce sont des montagnes bien qu’en faisant des descriptions légèrement différentes. L’incapacité d’une description à reproduire fidèlement un tableau ne retire rien à la valeur de cette description.

De plus, la vue d’un tableau, d’une image ou d’une photo produit généralement des impressions plus riches et plus fortes dans notre cerveau et marque plus notre esprit que de simples paroles. À la télévision, les présentateurs font tout ce qu’ils peuvent pour accompagner leur discours par des images. C’est pourquoi, même si les voyants ne peuvent pas décrire dans le moindre détail ce qu’ils ont vu, ce qu’ils en disent garde une importance réelle. C’est particulièrement vrai pour les apparitions de Fatima.

Le geste de Notre-Dame

Revenons maintenant au geste de Notre-Dame. Le reflet qui sortit de ses mains eut plusieurs effets :

  • la vision des petits voyants en Dieu,
  • des éléments de la volonté de Dieu sur eux,
  • une connaissance et un amour spécial envers le Cœur Immaculé de Marie.

Le 1er point est une véritable connaissance de soi-même. Les petits voyants se virent comme submergés en Dieu. Lors de la précédente apparition, un fait analogue s’était produit. Rappelons comment sœur Lucie le décrit dans son 4e mémoire (voir lettre de liaison n° 146) :

C’est en prononçant ces dernières paroles (la grâce de Dieu, etc.) qu’Elle ouvrit pour la première fois les mains, et nous communiqua, comme par un reflet qui émanait d’elles, une lumière si intense que, pénétrant notre cœur et jusqu’au plus profond de notre âme, elle nous faisait nous voir nous-mêmes en Dieu qui était cette lumière, plus clairement que nous nous voyons dans le meilleur des miroirs.

Le terme employé pour décrire l’effet produit par le geste de Notre-Dame au cours de la deuxième apparition est plus fort que celui de la première : au lieu de « se voir en Dieu plus clairement que dans le meilleur des miroirs », Lucie dit qu’ils ont été « comme submergés en Dieu ». On pourrait dire aussi immergé en Dieu. C’est une vision de ce qui nous attend tous au paradis. Nous avons longuement montré l’importance de cette connaissance de soi telle que Dieu nous voit et la grandeur de cette grâce dans la lettre de liaison n° 147.

Le 2e point est la connaissance de notre vocation. En effet, pour faire notre salut, il faut non seulement connaître Dieu et nous connaître nous-même comme Dieu nous voit. Mais il faut aussi connaître ce qu’Il attend de nous et Lui montrer qu’on L’aime en faisant le plus possible sa volonté. Pour cela, il faut connaître cette volonté de Dieu sur nous. C’est cette grâce que la Sainte Vierge communique aux petits voyants. La volonté de Dieu sur François et Jacinthe est de les avoir rapidement auprès de Lui. Sa volonté sur Lucie est qu’elle reste plus longtemps sur la terre pour faire connaître et répandre la dévotion au Cœur Immaculé de Marie. Par cette vision, Notre-Dame confirme ce qu’elle venait de leur dire : « Jacinthe et François, je les emmènerai bientôt. Mais toi, tu resteras ici pendant un certain temps. Jésus veut se servir de toi pour me faire connaître et aimer. » (Voir lettre de liaison n° 151). Dans le récit que Lucie fit plus tard à un de ses confesseurs, elle est encore plus précise ; elle dit : « La Très Sainte Vierge répondit : “Oui, pour Jacinthe et François, je les prendrai au Ciel dans peu de temps” ». Que nous serions heureux, si la Sainte Vierge nous disait à nous aussi : « Je vous emmènerai bientôt au Ciel » ! Au passage, notons qu’il y a une claire affirmation par la Sainte Vierge que François et Jacinthe iraient au Ciel, comme Jésus l’affirma sur la croix au bon larron.

Le 3e point est la connaissance et l’amour envers le Cœur Immaculé de Marie. Notre-Dame apparût avec un cœur entouré d’épines. Elle apparaîtra une deuxième fois ainsi, à Tuy le 13 juin 1929. Sœur Lucie a plusieurs fois mimé ce geste pour montrer l’attitude de Notre-Dame à ce moment-là. Les petits voyants de Fatima eurent donc la vision du Cœur Immaculé de Marie, comme sainte Marguerite-Marie eut la vision du Sacré-Cœur.
Pendant qu’elle montrait son cœur entouré d’épines, la Sainte Vierge ne fit aucun commentaire et resta silencieuse. Elle donna cependant aux petits voyants la grâce de comprendre « que c’était le Cœur Immaculé de Marie, outragé par les péchés de l’humanité, qui demandait réparation ». Sans doute avaient-ils été préparés à le comprendre par ce que Notre-Dame leur avait révélé peu avant : « Dieu veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé ». Mais elle ne prononça aucune parole en montrant son cœur entouré d’épines.
Ce que comprirent les petits voyants sera confirmé plus tard. Le 10 décembre 1925, à Pontevedra, l’Enfant-Jésus apparut à Lucie et lui demanda : « Aie compassion du Cœur de ta Très Sainte Mère, entouré des épines que les hommes ingrats lui enfoncent à tout moment, sans qu’il y ait personne pour faire un acte de réparation afin de les en retirer ». 

Cette connaissance communiquée par le reflet émanant des mains de Notre-Dame, ne fut pas exactement le même à chaque fois qu’elle ouvrit les mains. Voici ce que Lucie ajoute après la description de cette vision :

De même que les deux autres fois, il [le reflet] avait eu ce même but, mais par rapport à Dieu et au mystère de la Très Sainte Trinité. Depuis ce jour, nous sentîmes au cœur un amour plus ardent envers le Cœur Immaculé de Marie.

Les deux autres fois dont parle Lucie se rapportent au geste fait par Notre-Dame lors des apparitions du 13 mai et du 13 juillet. Dans l’apparition du 13 mai, Notre-Dame leur communiqua la grâce d’un amour plus ardent pour Notre-Seigneur. Lucie dit dans son 4e mémoire : « Alors, par une impulsion intérieure qui nous était communiquée, nous tombâmes à genoux et nous répétions intérieurement : – Ô, Très Sainte Trinité, je vous adore. Mon Dieu, mon Dieu, je Vous aime dans le très Saint Sacrement. » Cette connaissance de Dieu doit être le but de la vie de tout chrétien afin de bien mourir.
La grâce accordée la deuxième fois fut la connaissance et l’amour du Cœur Immaculé de Marie, amour qui doit être le premier après celui de Dieu Notre-Seigneur. Enfin, la grâce accordée la troisième fois sera, par la vision de l’enfer, une grande horreur du péché et le désir de prier et de se sacrifier pour les pécheurs.

Ainsi, dans cette apparition du 13 juin, on voit combien la vision elle-même apporte de nombreux éléments très riches, qui complètent les paroles de Notre-Dame. Notamment, ces grâces que la Sainte Vierge donne aux petits voyants par le geste qu’elle fait en ouvrant les mains, illustrent la puissance que Dieu a voulu donner à sa très sainte Mère qui est vraiment la médiatrice, ou la dispensatrice, des grâces obtenues par la Passion de son Fils (voir lettre de liaison n° 99).

C’est pourquoi on ne peut être que profondément attristé de voir que le concile Vatican I refusa de reconnaître cette médiation pourtant si clairement montrée à Fatima. Rappelons un fait déjà mentionné dans une lettre précédente. Lors de la préparation du concile Vatican II, trois cent évêques avaient demandé que soit défini le dogme de la Médiation universelle de la Très Sainte Vierge. Mais, peu avant le concile, lors de la discussion du projet de schéma sur la Sainte Vierge par la commission centrale, le cardinal Montini exprima une forte opposition à cette demande des pères conciliaires. Le 20 juin 1962 (un an avant d’être élu pape), il déclara notamment :

La proposition d’un nouveau titre, surtout celui de Médiatrice, à accorder à Marie très Sainte, me paraîtrait inopportune et même condamnable ["damnosa" en italien]. Le terme de médiateur ne doit être attribué uniquement et exclusivement qu’au Christ, selon ce que dit l’apôtre : « Unus est mediator ». L’extension de ce titre ne semble pas favoriser la vraie piété. (…) Il vaut mieux parler de la maternité spirituelle universelle de Marie très sainte, de sa royauté et de sa merveilleuse, très bénigne intercession, mais non de médiation. (Acta et documenta Concilio oecumenico Vaticano II apparando, série II, Praeparatoria, vol. II, pars IV, p. 777-778. Rome, Polyglotte vaticane, 1968. Cité dans Fatima, joie intime, événement mondial, page 320, éditions de la CRC, 1991)

Et la proposition des 300 évêques fut rejetée alors que toute la tradition est unanime pour attribuer le titre de médiatrice à la Sainte Vierge. (Voir lettre de liaison n° 99)

Le petit secret

Cette partie du message de Fatima est donc particulièrement importante. Avec l’urgente nécessité de prier et d’offrir des sacrifices pour la conversion des pécheurs, la dévotion réparatrice envers le Cœur Immaculé de Marie outragé par les hommes, est une des révélations essentielles de Fatima. Elle est si importante que les petit voyants commencèrent par la garder secrète. Lorsqu’on leur demandait si la Sainte Vierge leur avait dit autre chose, ils répondaient invariablement : « Oui ! Elle a dit autre chose, mais c’est un secret ».  Pourtant au cours de l’apparition, à aucun moment la Sainte Vierge ne leur demanda de garder le secret sur cette dévotion ; mais, par une intuition divine, ils sentirent qu’il fallait le faire. Lucie ne commença à en parler que dix ans plus tard.  Dans son quatrième mémoire, elle dit :

Voici, Excellence, ce à quoi nous faisions allusion lorsque nous disions que Notre Dame nous avait révélé un secret en juin. Notre Dame ne nous avait pas demandé encore cette fois-là de garder le secret, mais nous sentions que Dieu nous y poussait.

C’est pourquoi cette partie du message est souvent appelée le "petit secret" pour le distinguer du "grand secret" qui sera révélé un mois plus tard. Étant le premier à avoir été révélé par Notre-Dame, il est donc le cœur du message de Fatima.

Alors, que cette vision de Notre-Dame montrant son cœur entouré d’épines nous inspire. Méditons-la. Dans ses exercices spirituels, pour commencer les méditations qu’il propose, saint Ignace demande de voir en esprit les personnes, de voir ce qu’elles font et d’entendre ce qu’elles disent. Pourtant, dans les Évangiles, il n’y a souvent que peu de détails : les évangélistes rapportent les faits de façon extrêmement sobre. Mais cette sobriété est voulu par Dieu afin que, comme nous le demande saint Ignace, nous exercions notre volonté et notre imagination à voir les personnes et ce qu’elles font. Les quelques points donnés dans l’Évangile ne sont là que pour nous aider à faire cet exercice de reconstruire devant nous les scènes évangéliques.

Il en va de même pour les apparitions de la Sainte Vierge. Le récit de Lucie est sobre : à nous de reconstruire en esprit cette vision de Notre-Dame montrant son cœur entouré d’épines pendant que de ses mains partent des reflets qui vont apporter des grâces aux petits voyants. Relisons la brève description de Lucie ; voyons intérieurement ce qu’elle a vu. Méditions sur toutes les grâces accordées par Notre-Dame par ce geste, et plus particulièrement sur la grâce d’une meilleure connaissance de l’amour que nous devons avoir pour son Cœur Immaculé.
À la rue du Bac, Notre-Dame s’est doucement plainte qu’on ne lui demandait pas certaines grâces (voir lettre de liaison n° 146). Parmi ces grâces "oubliées", n’y aurait-il pas précisément celles de se voir comme Dieu nous voit, d’avoir une claire connaissance de sa volonté sur nous et un ardent amour pour le Cœur Immaculé de Marie ? À chacun d’entre nous de s’examiner et d’y répondre.  

En union de prière dans le Cœur Immaculé de Marie.
Yves de Lassus

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