Dieu veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé. Notre-Dame, le 13 juillet 1917

« Je ne t’abandonnerai jamais. Mon Cœur Immaculé sera ton refuge … »

Depuis que, sur la croix, le Christ a dit à sa Mère en désignant saint Jean : « Voici votre fils », la Sainte Vierge est notre Mère. Car, à travers saint Jean, c’est toute l’humanité qui est devenue enfant de Marie. Et c’est ce que Notre-Dame rappelle à Lucie : je suis ta Mère, donc « je ne t’abandonnerai jamais ». Car une vraie mère n’abandonne jamais ses enfants.

Les exemples montrant que jamais Marie n’abandonne ses enfants sont légion. Saint Alphonse de Liguori en rapporte plusieurs dans son livre : Les gloires de Marie. Voici un autre exemple tiré d’un sermon du saint curé d’Ars pour la fête de l’Assomption.

Il est rapporté dans l’histoire qu’un jeune libertin se livrait, sans aucun remords, à tous les vices de son cœur. Une maladie l’arrêta au milieu de ses désordres ; tout libertin qu’il était, il n’avait pourtant jamais manqué de dire tous les jours un Ave Maria ; c’était la seule prière qu’il faisait, et encore la faisait-il bien mal : ce n’était pas autre chose qu’une simple habitude. Dès que l’on sut que sa maladie était sans espérance de guérison, on alla chercher le prêtre de la paroisse qui vint le visiter et l’exhorta à se confesser. Mais le malade lui répondit que s’il avait à mourir, il voulait mourir comme il avait vécu et que, s’il venait à en échapper, il ne voulait pas vivre autrement que jusqu’alors. Ce fut la réponse qu’il fit à tous ceux qui voulurent lui parler de confession. On était dans une grande consternation ; personne n’osait plus lui en parler, dans la crainte de lui donner occasion de vomir les mêmes blasphèmes et les mêmes impiétés. Sur ces entrefaites, un de ses camarades, mais plus sage que lui, qui souvent l’avait repris de ses désordres, alla le trouver. Après lui avoir parlé de différentes choses, il lui dit sans détour : « Tu devrais bien, mon camarade, penser à te convertir. » – « Mon ami, répliqua le malade, je suis un trop grand pécheur ; tu sais bien la vie que j’ai menée. » – « Eh bien ! prie la sainte Vierge qui est le refuge des pécheurs. » – « Ah ! j’ai bien dit tous les jours un Ave Maria ; mais voilà toutes les prières que j’ai faites. Crois-tu que cela me serve de quelque chose ? » – « Comment ! répliqua l’autre, cela te servira de tout. Ne lui as-tu pas demandé de prier pour toi à l’heure de la mort ? C’est donc à présent qu’elle va prier pour toi. » – « Puisque tu penses que la Sainte Vierge prie pour moi, va chercher M. le curé pour me confesser tout de bon. » En prononçant ces paroles, il se mit à verser des torrents de larmes. « Pourquoi pleurer ? » lui dit son ami. – « Ah ! pourrais-je jamais assez pleurer, après avoir mené une vie si criminelle, après avoir offensé un Dieu si bon, qui veut encore me pardonner ! Je voudrais pouvoir pleurer des larmes de sang pour montrer au bon Dieu combien je suis lâche de l’avoir tant offensé ; mais, mon sang est trop impur pour être offert à Jésus-Christ en expiation de mes péchés. Ce qui me console, c’est que Jésus-Christ mon Sauveur a offert le sien à son Père pour moi ; c’est en lui que j’espère. » Son ami entendant ce discours et voyant couler ses larmes, se mit à pleurer de joie avec lui. Ce changement était si extraordinaire qu’il l’attribua à la protection de la Sainte Vierge. Dans ce moment, le curé revint et, fort étonné de les voir pleurer tous deux, il leur demanda ce qui était arrivé. – « Ah ! Monsieur, répondit le malade, je pleure mes péchés ! Hélas ! je commence bien tard à les pleurer ! Mais je sais que les mérites de Jésus-Christ sont infinis et que sa miséricorde est sans bornes ; j’ai encore espoir que le bon Dieu aura pitié de moi. » Le prêtre, étonné, lui demanda qui avait fait en lui un pareil changement. « La Sainte Vierge, dit le malade, a prié pour moi, c’est ce qui m’a fait ouvrir les yeux sur mon misérable état. » – « Vous voulez bien vous confesser ? » – « Oh ! oui, Monsieur, je veux me confesser, et même tout haut ; puisque j’ai scandalisé par ma mauvaise vie, je veux que l’on soit témoin de mon repentir. » Le prêtre lui dit que cette mesure n’était pas nécessaire, qu’il suffisait, pour réparer les scandales, de savoir qu’il avait été administré. Il se confessa avec tant de douleur et de larmes que le prêtre fut obligé plusieurs fois de s’arrêter pour le laisser pleurer. Il reçut les sacrements avec de si grandes marques de repentir qu’on aurait cru qu’il allait en mourir.

Cet exemple nous montre que la Sainte Vierge n’abandonne jamais ses enfants, … même lorsqu’ils se conduisent plutôt mal ! Car elle est le refuge des pécheurs. C’est ce qu’elle rappelle à Lucie en lui disant : « Mon Cœur Immaculé sera ton refuge. » Et dans les litanies en son honneur, non seulement Notre-Dame est invoquée comme « refuge des pécheurs », mais aussi comme « salut des infirmes, consolatrice des affligés, secours des chrétiens ». On pourrait ajouter qu’elle est tout autant la mère des boiteux, des mendiants, des éclopés, … Et personne, pas même Dieu, ne pourra lui ôter ses enfants. Toutefois, il faut pour être son enfant se tourner vers elle, comme l’a montré l’histoire précédente.

« … et le chemin qui te conduira jusqu’à Dieu. »

La Sainte Vierge ne fait pas que consoler Lucie : elle lui indique également un moyen pour aller au Ciel. « Mon Cœur Immaculé sera le chemin qui te conduira jusqu’à Dieu. » Elle confirme ainsi ce qu’elle lui a dit juste avant : « Dieu veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé. À qui embrassera cette dévotion, je promets le salut. » C’est l’essentiel du message de Fatima. Dieu a fait du Cœur Immaculé de sa Sainte Mère un moyen sûr pour aller à Lui.

Que Marie soit un chemin sûr pour aller à Dieu est un enseignement constant de l’Église. Depuis toujours, elle enseigne que la dévotion à la Sainte Vierge est moralement nécessaire au chrétien pour qu'il ait part au salut. L'amour envers la Sainte Vierge est un signe de prédestination, une garantie pour le ciel. Il n’est pratiquement aucun auteur spirituel qui ne l’ait dit d’une façon ou d’une autre. Qu’on en juge par les quelques citations qui suivent.

Saint Bernard : « Telle est la volonté de Dieu qui a voulu que nous ayons tout par Marie : si donc nous avons quelque espérance, quelque grâce, quelque don salutaire, sachons que cela découle de ses mains» (De Aqueductu, n° 6)

Saint Bonaventure : « Quiconque est marqué par la dévotion à Marie sera inscrit dans le livre de vie ». Il en donne les raisons suivantes : « De même que c'est par Marie que Dieu est descendu jusqu'à nous, ainsi il est nécessaire que ce soit par elle que nous montions jusqu'à Dieu » ; et : « Personne ne peut entrer au paradis si ce n'est en passant par Marie qui en est la porte ».

Saint Bernardin de Sienne : « Tous les dons, les vertus et les grâces de l’Esprit-Saint sont distribués par les mains de Marie à qui elle veut, quand elle veut, comme elle veut et autant qu’elle veut. » (Sermo in Nativ. B. V., art 1, cap 3)

Saint Charles Borromée faisait mettre l'image de Marie sur la porte des églises, car il voulait faire comprendre aux chrétiens qu'on ne peut pas entrer au Paradis sans passer par Marie « Porte du Ciel ».

Saint Alphonse de Liguori affirme : « Celui qui aime Marie peut être aussi certain d'aller en Paradis que s'il s'y trouvait déjà. » C’est sans doute la raison pour laquelle saint Gabriel de l'Addolorata confia un jour à son père spirituel : « Père, je suis certain d'aller au Paradis ». « Et comment fais-tu pour le savoir ? » lui demanda le Père. « Parce que j'y suis déjà. J'aime la Sainte Vierge, donc je suis déjà en Paradis ! »

Saint Léonard de Port Maurice : « Celui qui n'a pas de dévotion envers Marie ne peut être sauvé. »

Dans son Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge, saint Louis-Marie Grignion de Montfort reprit mot pour mot les paroles de saint Bernardin de Sienne. Au n° 25, il écrit :

Dieu le Saint-Esprit a communiqué à Marie, sa fidèle Épouse, ses dons ineffables, et il l’a choisie pour la dispensatrice de tout ce qu’il possède : en sorte qu’elle distribue à qui elle veut, autant qu’elle veut, comme elle veut et quand elle veut, tous ses dons et ses grâces, et il ne se donne aucun don céleste aux hommes qu’il ne passe par ses mains virginales.

Et au n° 140, il ajoute :

Le Père n’a donné et ne donne son Fils que par elle, ne se fait des enfants que par elle, et ne communique ses grâces que par elle ; Dieu le Fils n’a été formé pour tout le monde en général que par elle, n’est formé tous les jours et engendré que par elle dans l’union au Saint-Esprit, et ne communique ses mérites que par elle ; le Saint-Esprit n’a formé Jésus-Christ que par elle, ne forme les membres de son Corps mystique que par elle, et ne dispense ses dons et faveurs que par elle.

En disant « Mon Cœur Immaculé sera le chemin qui te conduira jusqu’à Dieu », Notre-Dame n’a donc fait que confirmer un enseignement constant de la Tradition. Et cet enseignement fut plusieurs fois confirmé par les papes. Dans l’encyclique Octobri Mense (22 septembre 1891), Léon XIII déclare :

Il est permis d’affirmer que rien, d’après la volonté de Dieu, ne nous est donné sans passer par Marie, de telle sorte que, comme personne ne peut s’approcher du Père tout-puissant sinon par son Fils, ainsi personne, pour ainsi dire, ne peut s’approcher du Christ que par sa mère.

Dans l’encyclique Ad Diem Illum Laetissimum (2 février 1904), saint Pie X confirme l’enseignement de Léon XIII :

Par la communion des douleurs et de volonté entre le Christ et Marie, cette dernière a mérité de devenir la dispensatrice de tous les bienfaits que Jésus nous a acquis par son sang. (...)
Personne au monde, autant que Marie, n'a connu à fond Jésus : personne n'est meilleur maître et meilleur guide pour faire connaître le Christ... En conséquence, personne n'est plus efficace que la Sainte Vierge pour unir les hommes à Jésus.

Dans la conclusion de l’encyclique Miserentissimus Redemptor (8 mai 1928), Pie XI dit :

Par sa mystérieuse union avec le Christ et par une grâce particulière reçue de Lui, [la Vierge Marie] fut aussi réparatrice et est pieusement appelée de ce nom. (…) [Le Christ], seul Médiateur entre Dieu et les hommes, a voulu cependant s’associer sa Mère comme avocate des pécheurs et comme dispensatrice et médiatrice de ses grâces.

Pour la fête du Cœur Immaculé de Marie qu’il institua en 1944, Pie XII choisit de faire lire le passage suivant à l’épître de la messe :

Je suis la mère du bel amour, de la crainte de Dieu, de la connaissance et de la sainte espérance. En moi est toute grâce de doctrine et de vérité ; en moi est tout espoir de vie et de force. (Eccl., XXIV, 17).

Dans Marialis Cultus (n° 56), Paul VI affirme : « La piété de l'Église envers la Vierge Marie est un élément intrinsèque du culte chrétien ». Et juste après (n° 57), il ajoute que la Sainte Vierge a mission d'unir à Jésus pour « reproduire dans ses fils, les traits spirituels du Fils premier né ».

La dévotion envers la Sainte Vierge n'est donc pas secondaire pour la vie chrétienne ; ce n'est absolument pas un ornement superflu dont on pourrait spirituellement se passer sans dommage. En effet, Dieu nous a « prédestinés à devenir semblables à son Fils » (Rom. 8, 29). Or, Jésus a été formé par la sainte Vierge. Saint Louis-Marie Grignion de Montfort dit qu’elle a été la “matrice” qui a formé Jésus et qui continue à former Jésus en tous ceux qui se confient à elle. Il faut donc nous laisser façonner par elle. Illustrons-le par un exemple concret. Il y a deux façons de reproduire une statue : soit de faire appel à un sculpteur, ce qui exige un travail long et délicat ; soit de se servir d'un moule, ce qui est beaucoup plus simple. Le moule pour nous conformer à Jésus, c’est la Sainte Vierge. Elle nous rend semblable à son Fils, ce qui est précisément la volonté de Dieu. C’est donc un moyen particulièrement sûr pour aller au Ciel.

C’est pourquoi la Sainte Vierge doit avoir une place de choix dans notre cœur. Aimons beaucoup la Sainte Vierge. Cet amour pour notre Mère du Ciel devrait être naturel, car l’amour de la mère est inscrit dans le cœur même de l’homme, comme en témoigne l’histoire suivante. Une maman enseignait à son enfant comment faire le signe de la croix. Elle prit la petite main et la guida vers le front : « Au nom du Père... du Fils... et du Saint Esprit ». Mais l'enfant restait pensif. « Allons, répète avec moi : Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit... » Alors, l'enfant l'interrompit : « Et la maman, où est-elle ? ». Émouvante intuition de l'enfant !

La Sainte Vierge nous a promis le salut si nous l’aimons et ne nous abandonnera pas si nous nous réfugions dans son Cœur Immaculé, quelles que soient les difficultés que nous rencontrerons. Et si nous n'avons pas cette dévotion, demandons-la de toutes nos forces. Si nous la demandons, Dieu ne pourra que nous l’accorder. Saint Jean Damascène disait : « Dieu fait la grâce de la dévotion à Marie à ceux qu'il veut sauver ». Au contraire, « Jésus s'obscurcit quand Marie est dans l'ombre », dit le père Faber. Sans la dévotion à la Sainte Vierge, l'amour envers Jésus diminue. C’est tout cela que Notre-Dame a voulu dire à Fatima en révélant à Lucie : « Mon Cœur Immaculé sera ton refuge et le chemin qui te conduira jusqu’à Dieu. » Alors, comme Lucie, réfugions-nous dans le Cœur de la Sainte Vierge et suivons docilement le chemin qu’il nous indique, car c’est le chemin le plus sûr pour aller à Dieu.

En union de prière dans le Cœur Immaculé de Marie.
Yves de Lassus

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