- Affichages : 3070
Mon Père, ma Sœur,
Madame, Mademoiselle, Monsieur,
Chers amis,
Voici la méditation pour le 4e jour de la préparation à la consécration au Cœur Immaculé de Marie du {list:name}.
Aujourd'hui, nous consacrerons plus spécialement au Cœur Immaculé de Marie :
Pour ceux qui n'auraient pas reçu certaines méditations, vous pouvez retrouver toutes les méditations publiées depuis le début de la préparation sur la page "Méditations" en cliquant ICI.
En union de prière.
Yves de Lassus
4e jour
Printemps 1916 : « Priez avec moi : "Mon Dieu, je crois, j’adore, j’espère et je Vous aime. Je Vous demande pardon pour ceux qui ne croient pas, qui n'adorent pas, qui n'espèrent pas, qui ne Vous aiment pas."»
La prière enseignée par l’Ange
Les premières paroles de l’Ange de la Paix furent pour apprendre aux petits voyants une prière. Comme toute bonne introduction, cette prière donne l’essence de tout ce qui va suivre. Or, quelle prière enseigne-t-il ? Une prière pour demander pardon pour tous les péchés commis par les hommes. Cette prière constitue le point essentiel du message de Fatima. Analysons-la.
Les vertus théologales
Comme toute prière, elle commence par un acte d’adoration envers notre Créateur auquel elle ajoute trois brefs actes de foi, d’espérance et de charité : « Mon Dieu, je crois, j’adore, j’espère et je vous aime. » L’Ange indique ainsi quel est notre premier devoir : l’adoration et l’exercice des trois vertus théologales. Ces vertus nous disposent à vivre en relation avec la Sainte Trinité. Elles ont Dieu pour origine, pour motif et pour objet. (Catéchisme de saint Pie X). Elles sont au sommet de toutes les vertus, car elles font précisément notre union à Dieu, tout particulièrement la Charité.
Parmi elles, la charité est la première ; elle est la perfection de l'homme et la plénitude de la vie chrétienne. Pourquoi ? Parce que « Dieu est amour : celui qui demeure dans l'amour demeure en Dieu et Dieu demeure en lui ». (1Jn 4, 16).
Mais qu'est-ce que la charité ? C'est l'amour total envers Dieu et le prochain. Non un amour humain ou charnel, mais l'amour divin, l'amour qui vient de l'Esprit-Saint : « L'amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par le Saint Esprit qui nous fut donné » (Rm. 5, 5).
Pour cette raison, il est triste de croire qu'on aime Dieu ou le prochain quand on a péché mortellement. Il est triste également de croire aimer vraiment quand cet amour ne prend pas sa source de l'Esprit-Saint, présent dans le cœur.
Que de mascarades et d'apparences de charité, de notre part, consciemment ou inconsciemment ! Saint Paul le dit avec des paroles qui devraient rendre plus sage celui qui bavarde sans arrêt sur la "disponibilité", "l'ouverture aux autres", "la vie pour les autres" et ne veille pas à ce que tout soit fait avec la grâce de Dieu dans l'âme et provienne d'une consciente et amoureuse union avec l'Esprit-Saint dans le cœur ! Au lieu de vagues "disponibilité" et "ouverture aux autres", saint Paul parle très concrètement de distribuer tous ses biens en aumônes et de livrer son propre corps aux flammes pour conclure que « cela ne me sert de rien, si l'on n'a pas la charité » (1Co 13, 3).
La charité est donc la présence de la grâce de Dieu dans l'âme ; c'est l'amour de Dieu dans le cœur et dans les intentions. Sans cela, on parle d'une charité qui frappe dans le vide (1Co 9, 26).
« L'amour du Christ nous pousse »
Quand on a l'amour de Dieu dans le cœur, la charité envers le prochain est rendue plus puissante jusqu'à l'héroïsme, comme saint François d'Assise qui non seulement ne fuit pas le lépreux, mais s'en approche et l'embrasse ; comme sainte Élisabeth de Hongrie qui met dans son lit un lépreux abandonné à la rue ; comme les missionnaires qui affrontent dangers et souffrances, mêmes mortelles, pour aider les païens ; comme sainte Thérèse qui se flagelle trois fois la semaine et Jacinthe de Fatima qui se fouette les jambes avec des orties pour la conversion des pécheurs ; saint Vincent de Paul, sainte Louise de Marillac, sainte Françoise-Xavière Cabrini, saint Jean Bosco, ... et tant d'autres saints, que d'actes héroïques de charité matérielle et spirituelle, animés de l'amour du Christ, n'ont-ils pas accomplis pour leurs frères ? Les paroles de Saint Paul : « L'amour du Christ nous pousse » (2Co 5, 14) avaient tout leur sens pour eux. Non un amour quelconque mais un amour de "feu dévorant" (Dt 9, 3) qui les portait à se "perdre" dans l'aimé pour n'avoir avec lui qu'un seul cœur et une seule volonté, prêts à aimer sans mesure, jusqu'à la mort.
C'est ainsi seulement que s'explique l'amour surhumain des saints. Quand le saint Curé d'Ars convertit l'épouse d'un riche juif, celui-ci, furieux, arriva à Ars. Il se présenta devant le saint curé et lui dit avec brutalité : « Pour la paix de ma maison que vous avez détruite, je suis venu vous crever un œil. » - « Lequel des deux ? » lui demanda simplement le saint. Le juif fut déconcerté par cette réponse, puis il répliqua : « Le droit - Eh bien, il me restera le gauche pour vous regarder et vous aimer ! - Et si je vous les crevais tous les deux ? - Il me resterait le cœur pour vous regarder et vous aimer encore... ». Le juif fut troublé. Il tomba à genoux, pleura et se convertit. La puissance de l'amour du Christ !
« Non pas moi, mais Jésus »
La charité fraternelle la plus haute et la plus parfaite est celle qui nous fait aimer le prochain avec le cœur même du Christ. « Ayez entre vous les mêmes sentiments qui furent dans le Christ Jésus », recommandait saint Paul.
Voici le commandement nouveau et sublime de Jésus : « Aimez-vous comme je vous ai aimés » (Jn 13, 34). Parce que « À ceci tous vous reconnaîtront pour mes disciples : à cet amour que vous aurez les uns pour les autres » (Jn 13, 35). L'identification d'amour avec Jésus, voilà la mesure de la perfection de l'amour. Seul le saint aime parfaitement parce que seul il est transfiguré en Jésus par la puissance de l'amour et de la douleur. Seul le saint, par la mort mystique de son "moi", arrive à l'identification d'amour avec Jésus. Ce qui fait dire à saint Paul : « Si je vis, ce n'est plus moi, mais le Christ qui vit en moi » (Gal. 2, 20).
Le saint, c'est donc celui qui aime Jésus "à la folie" et qui aime comme Jésus "à la folie".
Il aime Jésus "à la folie" et sait qu'il le rencontre, le voit, l'embrasse, partout où il est, surtout dans l'Eucharistie, puis dans l'Évangile, le pape, les pauvres et les malades, les rejetés, les marginaux, avec lesquels Jésus s'est identifié (Mt 25, 31-45).
Il aime "à la folie" comme Jésus et pour cette raison il se vend lui-même au marché des esclaves pour prendre leur place, comme le fit saint Vincent de Paul. Il s'expose à la contagion de maladies mortelles afin d'aider les malades, comme le firent saint Louis de Gonzague et le père Damien. Il affronte les risques et les tourments extrêmes pour aider les frères, comme saint Jean Bosco pour les jeunes, sainte Françoise-Xavière Cabrini pour les émigrés. Il sait s'enfermer pendant des heures dans un confessionnal pour guérir et consoler les âmes à la recherche de la grâce et de la paix, comme le Curé d'Ars, saint Léopold Mandic, saint Padre Pio... Que de bonté et de grâce dans le cœur des saints !
L'Immaculée : tout amour
Si les saints savent aimer admirablement, qu'en sera-t-il de l'Immaculée ? L'Immaculée est « pleine de grâces » (Lc 1, 28), autrement dit, remplie de la vie divine, de l'amour trinitaire. Créée parfaitement pure, toujours vierge, l'Immaculée est semblable à un cristal très clair qui réfracte la charité divine. Elle nous a donné le Christ, son divin Fils et le trésor infini de son cœur, imitant ainsi totalement Dieu Père qui a tant aimé les hommes qu'Il a « donné son fils unique » (Jn 3, 16).
Or celui qui aime vraiment la Sainte Vierge arrive à lui ressembler et produit des fruits merveilleux de grâces et de vertus, surtout dans l'exercice de la charité.
Un exemple littéralement éblouissant nous est donné par saint Maximilien Kolbe. On peut dire que l'amour fou envers l'Immaculée l'a rendu semblable à Elle dans le sacrifice le plus grand qu'il est possible de faire : immoler sa vie de prêtre, d'apôtre, de fondateur de la Cité de l'Immaculée, en demandant de mourir dans une sombre cave pour sauver un père de famille. Il savait qu'il choisissait une mort atroce et terrible dans les sous-sols d'Auschwitz ; mais l'amour devient immense au milieu des douleurs immenses. Et saint Maximilien, qui aimait follement l'Immaculée, alla vers Elle « rendu conforme à son Fils » (Rm 8, 29) avec un amour immense semblable à celui proclamé par Jésus : « Personne n'a un amour plus grand que celui qui sacrifie sa propre vie pour ses amis ». (Jn 15, 13).
Prier pour la conversion des pécheurs
Mais l’Ange ne s’arrête pas aux vertus théologales ; il poursuit : « Je vous demande pardon pour ceux qui ne croient pas, qui n’adorent pas, qui n’espèrent pas et qui ne vous aiment pas. » Cette demande est un des points essentiels du message de Fatima, peut-être même le plus important. Qu’y est-il dit ? Qu’il y a des gens qui ne plaisent pas à Dieu parce qu’ils ne L’adorent pas et ignorent les vertus théologales. Est-il situation plus triste ? L’Ange nous apprend que nous pouvons les sortir de cette situation en demandant pardon pour eux.
L’année suivante, Notre-Dame dira la même chose aux petits voyants avec des termes encore plus forts : « Priez, priez beaucoup et faites des sacrifices pour les pécheurs. Car beaucoup d'âmes vont en enfer parce qu'elles n'ont personne qui se sacrifie et prie pour elles. » (Apparition du 19 août 1917). Phrase qu’il est possible de tourner positivement en disant : beaucoup d’âmes seront sauvées si des personnes prient et se sacrifient pour elles. C’est bien le sens de la prière de l’Ange. Et c’est aussi ce que Notre-Seigneur enseignera quelques années plus tard, le 25 février 1922, à sœur Josepha Ménendez : « Les pécheurs excitent la colère divine. Mais les âmes qui M’aiment, s’immolent et se consument comme victimes de réparation, attirent la Miséricorde de Dieu et voilà ce qui sauve le monde. »
Réparer par nos prières et nos sacrifices les fautes commises par les pécheurs, « voilà ce qui sauve le monde » ! Un tel acte de réparation est une très belle façon d’exercer la miséricorde envers celui qui est dans le péché. Toutefois, il ne faut pas se méprendre sur la notion de miséricorde. Le christianisme n’exalte pas n’importe quelle forme de miséricorde. La miséricorde dont l’Évangile fait une béatitude (« Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront Miséricorde » - Mat. V, 7) est autre chose qu’un simple attendrissement indifférencié sur la faute d’autrui, ou sur sa souffrance. La miséricorde évangélique s’adresse à la misère et non au péché. Il convient de faire la distinction.
En effet, il y a deux formes de mal dans le monde : le mal voulu et le mal subi. Le premier est le péché, le second la misère. Saint Thomas parle de mal de coulpe et de mal de peine. Il y a une différence capitale entre ces deux notions qui s’opposent complètement, car un même mal ne peut pas être, à la fois et sous le même rapport, volontaire et involontaire. Ces deux formes du mal entraînent donc deux réactions différentes :
- Le premier, le mal voulu ou péché, parce qu’il est volontaire et dans la mesure où il est volontaire, appelle la réprobation et l’indignation.
- Le second, le mal subi ou misère, parce qu’il est involontaire et uniquement dans la mesure où il est involontaire, appelle la compassion et la miséricorde.
Le péché s’oppose à la Miséricorde de Dieu. Loin de la provoquer, il provoque sa Justice. Mais dès que la volonté de faire le mal se retire, dès que le repentir s’installe, que le pécheur regrette sa conduite, il devient misère et alors objet de miséricorde. La plus belle illustration nous en est donnée par Notre-Seigneur Lui-même dans les paraboles, en particulier celle de l’enfant prodigue et celle du pharisien et du publicain.
Dans la pratique, un mal peut être à la fois en partie voulu et en partie subi. Car, dans l’homme, la faiblesse est beaucoup plus fréquente que la malice. Dès lors, nous devons présumer que la faute du pécheur est plus due à la faiblesse qu’à la malice, et nous devons avoir compassion du pécheur, non pas en tant que pécheur voulant le mal, mais en tant que misérable, subissant le mal, même si au départ il y a (ou il y a eu) volonté de sa part. C’est dans ce sens qu’il faut comprendre le parole de l’Ange : « Je vous demande pardon pour ceux qui ne croient pas, qui n’adorent pas, qui n’espèrent pas et qui ne vous aiment pas. »
Alors ayons ainsi une grande charité pour les pécheurs et récitons souvent pour eux la prière de l’Ange. Admirons-en la beauté, méditons-la et aimons la faire monter vers notre Créateur tout au long de la journée, comme le faisaient Lucie, François et Jacinthe. C’est la raison pour laquelle, chaque jour au cours de cette préparation, il nous est proposé de la réciter avant notre chapelet quotidien. Que cette préparation à notre consécration au Cœur Immaculé de Marie soit une occasion de nous y exercer.