Dieu veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé. Notre-Dame, le 13 juillet 1917

La puissance de Notre-Dame

Ainsi Notre-Dame affirme clairement qu’elle est la seule à pouvoir nous obtenir la paix ! Cette affirmation est parfaitement conforme à ce qu’a toujours enseigné l’Église : Dieu veut que les fruits de tous les mérites acquis par son Fils passent par les mains de sa Sainte Mère. Dans tous ses écrits, saint Louis-Marie Grignion de Montfort ne cesse de le dire et plusieurs papes l’ont confirmé (voir lettre de liaison n° 99). Aussi la grâce de la paix dans le monde, comme toutes les autres grâces, doit-elle être demandée à Notre-Dame qui n’indique qu’un moyen pour cela : la récitation quotidienne du chapelet. Jacinthe avait parfaitement compris ce point. Voici ce qu’elle confia à sa cousine peu avant de mourir :

Dis à tout le monde que Dieu nous accorde ses grâces par le moyen du Cœur Immaculé de Marie, que c’est à elle qu’il faut les demander, que le Cœur de Jésus veut qu’on vénère avec lui le Cœur Immaculé de Marie, que l’on demande la paix au Cœur Immaculé de Marie, car c’est à elle que Dieu l’a confiée.

Cette puissance de Notre-Dame et du Rosaire est également un enseignement de l’histoire. Le Rosaire a obtenu plusieurs victoires. Voici un exemple.
Au début du règne de Louis XIII, le protestantisme menaçait la France. Car après les guerres de religion et l’Édit de Nantes, la puissance protestante était devenue un État dans l'État. En 1627, le roi voulut reprendre aux protestants, soutenus par l'Angleterre, la ville de La Rochelle. Sur sa demande, le rosaire fut récité devant toute la cour par le couvent des dominicains du faubourg Saint Honoré. Puis le roi demanda aux dominicains d'instruire l'armée. 15 000 chapelets furent distribués aux soldats. Et tous les soirs, les protestants pouvaient voir les troupes chanter Ave et cantiques à la lueur des torches, portant une statue de Notre-Dame tout autour de la ville, laquelle tomba le 1er novembre 1628. En remerciement, Louis XIII fit construire l'église de Notre Dame des Victoires à Paris et consacra le royaume de France à Notre Dame le 10 février 1638.

Ces victoires ont toutes en commun d’avoir redressé des situations humainement désespérées, tant le déséquilibre entre les adversaires était grand. Par exemple, à la bataille de Muret, le 12 septembre 1213 (très peu de temps après la révélation du Rosaire par Notre-Dame à saint Dominique), les 800 chevaliers français appelés par le pape Innocent III et menés par Simon de Montfort eurent à affronter une armée de 34 000 hommes : des cathares renforcés par des espagnols conduits par Pierre II d'Aragon. Pendant toute la bataille, saint Dominique fit prier le rosaire dans l'église de Muret. La victoire fut fulgurante : 8 tués côté français et 10 000 côté espagnol et cathare, dont Pierre II. Elle permit le retour de la paix. (Pour plus de précisions sur ces batailles gagnées, voir l’article Les victoires temporelles du rosaire)

Ces victoires montrent la puissance de Notre-Dame et l’efficacité du Rosaire comme moyen pour obtenir la paix. C’est aussi le seul indiqué par Notre-Dame, elle-même la seule à pouvoir nous obtenir cette paix. C’est un point qui est malheureusement trop oublié aujourd’hui : si nous voulons que cessent les guerres qui se déroulent actuellement un peu partout dans le monde, il faut certes continuer à agir concrètement sur le terrain : la prière n’exclut nullement les actions temporelles. Mais à ces actions, il est indispensable d’associer la récitation du rosaire ; sans cela, toutes nos tentatives de rétablir la paix seront vouées à l’échec. Le silence des autorités religieuses sur ce point est bien attristant. Pourtant sœur Lucie nous l’a clairement rappelé il n'y a pas si longtemps. En effet, elle confia au père Fuentès le 26 décembre 1957 :  « La Sainte Vierge a donné une efficacité nouvelle à la récitation du rosaire. Il n’y aucun problème, si difficile soit-il, temporel ou surtout spirituel, se référant à la vie personnelle de chacun d’entre nous, de nos familles, des familles du monde ou des communautés religieuses, ou bien de la vie des peuples et des nations, il n’y aucun problème, dis-je, si difficile soit-il, que nous ne puissions résoudre par la prière du saint rosaire. »

La patience et la persévérance

Après avoir entendu cette précision sur le chapelet quotidien, Lucie demanda : « Je voudrais vous demander de nous dire qui vous êtes, et de faire un miracle afin que tous croient que votre Grâce nous apparaît. » Notre-Dame lui répondit : « Continuez à venir ici tous les mois. En octobre, je dirai qui je suis, ce que je veux, et je ferai un miracle que tous pourront voir pour croire. »
Ces paroles, en apparence toutes simples, recèlent en réalité un véritable enseignement. Car aucune parole venant du Ciel n’est anodine. Le moindre geste ou la moindre parole d’un envoyé de Dieu, fût-il un saint, un ange ou Notre-Dame elle-même, a toujours une signification d’une profondeur qu’aucun auteur humain ne saurait avoir.

La préoccupation de Lucie est légitime. Elle veut savoir qui est vraiment cette belle dame, même si elle ne doute pas un instant que c’est la Sainte Vierge. Cette quête de la vérité devrait être une de nos principales préoccupations, surtout concernant la connaissance de Dieu. Car pour aimer Dieu, il faut Le connaître : nous ne pouvons aimer que ce que nous connaissons.
Pour la Mère de Dieu, il en va de même. Notre-Dame qui a porté le Créateur du monde en son sein pendant neuf mois, fera comme son Fils : elle se révèlera si nous le lui demandons. Mais, comme son Fils, elle ne répondra pas forcément tout de suite. Lorsque Marthe fit demander à Jésus de venir rapidement car son frère Lazare était malade, Jésus « resta deux jours encore au lieu où il était ». Était-ce l’impassibilité ? De la part du Fils de Dieu, c’est impossible. Jésus a Lui-même donné la raison de ce délai : « Cette maladie ne va pas à la mort, mais elle est pour la gloire de Dieu, afin que le Fils de Dieu soit glorifié par elle. »
Notre-Dame réagit de la même façon que son Fils. Elle dit en substance : continuez à venir tous les mois jusqu’en octobre ; si vous persévérez, je vous dirai non seulement qui je suis, mais aussi ce que je veux. Ce modeste dialogue nous apprend deux choses : la nécessité de la patience et de la persévérance, deux qualités qui font malheureusement souvent défaut à notre époque. Aujourd’hui, déformés par les facilités modernes, nous voulons tout tout de suite ; nous voulons être satisfaits immédiatement. Il faut savoir être patient. Ou plutôt, il faut que nous montrions notre persévérance à demander la grâce. Car nous sommes fragiles et changeants. Seuls des gestes longtemps répétés s’imprègnent en nous. Dieu le sait. C’est pourquoi, pour notre plus grand bien, la pédagogie divine exige de nous patience et persévérance. Aussi lorsque nous demandons une grâce, une guérison par exemple, sachons être patient et persévérant.

La foi

Après avoir demandé à la "belle dame" qui elle était, Lucie fit une autre demande : elle demanda un miracle « pour que tous croient que votre Grâce nous apparaît ». Peut-être Lucie était-elle, comme ses cousins, fatiguée d’être en butte à l’incrédulité de son entourage. Mais elle n’en dit rien : elle demande simplement la grâce de la foi pour la foule qui assiste aux apparitions.
Les petits voyants n’ont pas besoin de cette grâce : ils ont celle de voir Notre-Dame. Mais ceux qui ne voient pas (dont nous sommes) ont besoin de cette grâce. Et la Sainte Vierge dans sa bonté, dit qu’elle fera ce miracle pour que tous croient. Nous avons rappelé cet extraordinaire miracle dans la lettre de liaison n°155. Il faut y revenir de temps en temps : la Sainte Vierge l’a fait pour affermir notre foi. Le péché originel est là qui affaiblit notre volonté. Si la raison suffit à nous conduire à l’existence de Dieu, nous avons besoin de l’aide du Ciel pour croire à tout ce que Dieu nous a révélé sur Lui-même. (Sur ce point, voir en annexe de cette lettre la réflexion du frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur) La Sainte Vierge agit comme son fils : elle va faire un miracle, non pas tant pour montrer qu’elle vient à la Cova da Iria – tous les signes qu’elle donne à chaque apparition sont suffisants – mais pour que nous croyions à ce qu’elle nous a révélé au cours de ses six apparitions : la puissance de la dévotion au Cœur Immaculé, de la récitation du rosaire, etc. …

La récitation du chapelet

Après ces deux demandes, Lucie en fit encore quelques autres. Voici ce qu’elle dit dans son quatrième mémoire : « Ici, je fis quelques demandes ; je ne me rappelle plus bien lesquelles. Ce dont je me souviens, c’est que Notre-Dame dit qu’il était nécessaire de réciter le chapelet pour obtenir ces grâces dans l’année. »

Lucie ne donne pas de détails sur les grâces demandées. Sans doute, sont-ce toutes les demandes faites par la foule des témoins lorsqu’elle arrivait à la Cova da Iria. Cela pas grande importance, car on imagine facilement qu’elles ont pu être ces demandes, notamment des guérisons. Ce qui est intéressant, c’est la réponse de la Sainte Vierge : « il est nécessaire de réciter le chapelet pour obtenir ces grâces dans l’année ». La Sainte Vierge est bonne : elle ne demande notre persévérance que sur une année. Elle indique ainsi une deuxième vertu du chapelet : il peut nous obtenir non seulement la paix dans le monde, mais aussi toutes les grâces dont nous avons besoin. Il est bien triste de voir que, de nos jours, il n’est guère rappelé ces grâces du chapelet et que le concile Vatican II n’en ait rien dit, et même qu’il ait refusé d’en dire quoi que ce soit.

Le chapelet est un moyen simple. Pourtant nombreux sont ceux qui disent ne pas pouvoir trouver dans la journée, le moment de réciter, ne serait-ce qu’une dizaine de chapelet. Regardons honnêtement une journée : n’est-il pas facile de trouver un moment, notamment dans les transports en commun, pour consacrer 3 ou 4 minutes à réciter une dizaine avant de commencer à lire ou écouter de la musique. Dans les embouteillages, est-il si difficile de réciter une voire deux dizaines de chapelet ? Si une personne nous proposait de nous donner chaque jour une somme d’argent, ne trouverions-nous pas dix minutes dans la journée pour aller la voir et récupérer cet argent ? Or ici, il s’agit de bien plus qu’une simple somme d’argent.
La véritable difficulté n’est pas tant dans la prière elle-même, ni de trouver le temps : c’est de décider de consacrer une, deux, … dix minutes à Dieu dans sa journée. À ceux qui prétendaient n’avoir pas le temps de prier, un saint prédicateur répondait : « On n’a jamais vu un homme mourir de faim parce qu’il n’avait pas le temps ! » C’est la même chose pour la prière : elle est la nourriture de notre âme, et nous devons nourrir notre âme tous les jours.

Mais le démon est là qui nous donne un certain dégoût de la prière et nous détourne de prendre les bons moyens pour lutter contre ce dégoût. Un autre saint confesseur donnait le conseil suivant à un de ses pénitents en butte à cette difficulté : « Commencez par une minute. Si vous voyez que vous êtes toujours dans le même état, doublez cette durée. Si rien ne change, doublez encore. Vous verrez : le démon va vite arrêter de vous détourner de la prière, pour que vous ne doubliez pas encore une fois votre temps de prière ! »
Le plus dur est de se fixer une petite résolution et de s’y tenir. Alors méditons sur ce passage des apparitions. Ne manquons pas de réciter notre chapelet tous les jours. Nous seulement nous obtiendrons la paix dont le monde a tant besoin, mais nous obtiendrons aussi toutes les grâces qui nous sont nécessaires pour vivre en chrétien et faire notre salut.

En union de prière dans le Cœur Immaculé de Marie.
Yves de Lassus

Annexe

Qu’est-ce que la foi ?
par  le frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur

Il arrive souvent que l’on entende dire : « J’ai la foi : je crois que Dieu existe… » Mais lorsqu’on creuse un peu et que l’on pose quelques questions, on se rend vite compte que beaucoup de nos contemporains qui prétendent "avoir la foi", n’ont en réalité qu’une simple croyance, plus ou moins vague, en une "divinité" dont elles ne savent pas dire grand-chose et qui, surtout (c’est son principal intérêt), ne demande pas d’elles des ajustements de comportement, ni des efforts de conversion et de sanctification selon des exigences précises !

Or la foi ne consiste pas à dire : « Dieu existe ». En effet, l’existence de Dieu – c’est-à-dire l’existence d’un pur Esprit, Être unique et parfait, Créateur de l’univers et rémunérateur des actes des hommes – n’est pas l’objet de la foi. L’affirmation de l’existence de Dieu est la conséquence logique d’un raisonnement naturel. La compréhension qu’il existe un pur esprit, unique et infiniment parfait, créateur de toutes choses et qui rétribuera chacun selon ses œuvres, est accessible à tout homme par des actes de raisonnement naturels : il suffit de faire fonctionner logiquement et correctement son intelligence pour dire que Dieu existe. Aristote y est arrivé. Or Aristote n’avait pas la foi.

Ce que j’affirme ici n’est pas une opinion personnelle, c’est l’enseignement constant et universel de l’Église, à la suite de saint Paul. Relisez par exemple le premier chapitre de l’épître aux Romains.
Cette vieille crapule de Voltaire, ennemi acharné de la foi chrétienne, le résumait aussi à sa manière en affirmant qu’il ne peut y avoir d’horloge sans horloger. En l’occurrence, cet apostat furieux et obstiné ne faisait ici que faire fonctionner correctement son intelligence et sa raison humaines ; il ne posait pas un acte de foi. Tout en affirmant l’existence d’un "grand horloger", il ne cessait de combattre la religion en général, la Révélation chrétienne en particulier, la Sainte Église et la foi reçue des Apôtres très spécialement.

L’objet de la foi n’est pas "l’existence de Dieu", parce que l’existence de Dieu est accessible à la raison naturelle.
La foi, elle, est surnaturelle.
La foi n’est pas d’ordre sensible ni intellectuel.
La foi porte sur ce que la raison et l’intelligence de l’homme ne peuvent connaître par elles-mêmes.
La foi amène à notre connaissance ce que ni nos sens ni notre intelligence ne peuvent découvrir si Dieu Lui-même ne le révèle.

La définition correcte de la foi est celle-ci : la foi, c’est l’adhésion à Dieu qui Se révèle. L’objet de la foi est : « ce que Dieu nous fait connaître au sujet de Lui-même », et auquel nous ne pouvons pas accéder par nos propres lumières, par nos propres forces et capacités, laissées à elles-mêmes. Ainsi la foi dépasse-t-elle par sa nature même – puisqu’elle est surnaturelle – toute opération humaine.
Cela ne signifie pas que l’homme ne puisse pas ensuite comprendre et expliquer le contenu de la foi. Saint Anselme de Cantorbury a magnifiquement synthétisé cela en une formule lapidaire : « fides quaerens intellectum », qui résume toute la démarche des Pères et des Docteurs de l’Église.
« Fides quaerens intellectum », littéralement : « la foi cherchant l’intelligence »,  signifie que la foi – dont l’objet est ce que Dieu nous fait connaître de Lui-même parce que cela n’est pas naturellement accessible à l’homme – peut toutefois être mise en lumière par l’intelligence et le travail de l’homme, sur la base de cette Révélation reçue et acceptée.
La proposition inverse – appelée "traditionalisme" – a été condamnée par le 1er concile du Vatican, le terme "traditionalisme" n’ayant évidemment rien à voir dans son acception avec l’usage courant dans lequel il est employé de nos jours. Je vous renvoie à la lecture de la Constitution dogmatique Dei Filius du 24 avril 1870 sur les rapports entre la foi et la raison :

Quoique la foi soit au-dessus de la raison, il ne peut jamais y avoir de véritable désaccord entre la foi et la raison ; car c’est le même Dieu qui révèle les mystères et communique la foi, qui a répandu dans l’esprit humain la lumière de la raison, et Dieu ne peut se nier lui-même, ni le vrai contredire jamais le vrai. Cette vaine apparence de contradiction vient principalement ou de ce que les dogmes de la foi n’ont pas été compris et exposés suivant l’esprit de l’Église, ou de ce que les écarts d’opinion sont pris pour des jugements de la raison. Nous déclarons donc toute proposition contraire à une vérité, attestée par la foi, absolument fausse (…). Et non-seulement la foi et la raison ne peuvent jamais être en désaccord, mais elles se prêtent aussi un mutuel secours ; la droite raison démontre les fondements de la foi, et, éclairée par sa lumière, elle cultive la science des choses divines ; la foi délivre et prémunit la raison des erreurs, et l’enrichit d’amples connaissances. Bien loin donc que l’Église soit opposée à l’étude des arts et sciences humaines, elle la favorise et la propage de mille manières. Car elle n’ignore ni ne méprise les avantages qui en résultent pour la vie des hommes ; bien plus, elle reconnaît que les sciences et les arts venus de Dieu, le Maître des sciences, s’ils sont dirigés convenablement, conduisent à Dieu, avec l’aide de sa grâce ; et elle ne défend pas assurément que chacune de ces sciences, dans sa sphère, ne se serve de ses propres principes et de sa méthode particulière ; mais, tout en reconnaissant cette juste liberté, elle veille avec soin pour les empêcher de tomber dans l’erreur en se mettant en opposition avec la doctrine divine, ou en dépassant leurs limites propres pour envahir et troubler ce qui est du domaine de la foi.

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