Liste & thèmes des lettres de liaison
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Samedi prochain, 4 février 2023 : 1er samedi du mois
N’oublions pas de réciter un acte de réparation ce jour-là.
Mystère à méditer |
2e mystère joyeux : la visitation (Tableau des méditations, cliquer ICI) |
Blasphèmes à réparer |
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Lettre de liaison n° 146 (1er février 2023)
À la question de Notre-Dame demandant aux petits voyants s’ils voulaient bien s’offrir à Dieu pour « supporter toutes les souffrances qu’Il voudra vous envoyer, en acte de réparation pour les péchés par lesquels Il est offensé, et de supplication pour la conversion des pécheurs » (voir précédente lettre de liaison), Lucie répondit : « Oui, nous le voulons ». Notre-Dame lui dit alors : « Vous aurez alors beaucoup à souffrir, mais la grâce de Dieu sera votre réconfort. »
« Oui, nous le voulons »
La réponse de Lucie est étonnante : elle répond spontanément non seulement pour elle, mais aussi pour ses deux cousins. On se serait plutôt attendu à ce qu’elle réponde : « Oui, je le veux », laissant à ses petits cousins le soin de répondre eux-mêmes. Certes, François n’avait pas entendu lorsque l’Ange leur avait parlé l’année précédente ; mais rien n’indiquait qu’il devait en être ainsi avec Notre-Dame. Lucie n’avait donc pas de raison de supposer que François n’entendait pas. Et si elle avait des doutes, elle aurait pu lui poser la question. Quant à Jacinthe, elle pouvait répondre elle-même.
Cette réponse de Lucie est probablement une conséquence des réflexions que les petits voyants eurent après les apparitions de l’Ange. En effet, après la demande de l’Ange sur l’offrande des sacrifices durant l’été 1916, ils en avaient beaucoup discuté. Voici ce que Lucie rapporte à ce sujet dans ses mémoires :
Les paroles de l’Ange se gravèrent dans notre esprit comme une lumière qui nous faisait comprendre qui est Dieu, combien Il nous aime et veut être aimé de nous, la valeur du sacrifice, et combien celui-ci Lui est agréable, comment, par égard pour lui, Dieu convertit les pécheurs. C’est pourquoi, à partir de ce moment, nous avons commencé à offrir au Seigneur tout ce qui nous mortifiait, mais sans chercher à nous imposer d’autres mortifications ou pénitences, à l’exception des heures que nous passions prosternés sur le sol, à répéter la prière que l’Ange nous avait apprise.
Les paroles de l’Ange avaient fait comprendre aux petits voyants « la valeur du sacrifice » et « combien il plaît à Dieu » lorsqu’il est offert « pour la conversion des pécheurs ». C’est pourquoi, après cette apparition dont ils discutèrent sûrement longuement tant elle les marqua, tous les trois commencèrent à « offrir au Seigneur tout ce qui les mortifiait ». Sachant cela, la réponse de Lucie à Notre-Dame s’explique parfaitement : elle devinait que ses cousins seraient d’accord puisque, depuis quelques mois, ils offraient tout ce qui les mortifiaient. Aussi dans l’esprit de Lucie, il n’y avait aucun doute : ses cousins ne pouvaient qu’être d’accord avec elle. Et les discussions qu’ils eurent par la suite le confirme. Voici ce qu’elle rapporte dans ses mémoires :
Quelquefois François disait :
– Notre Dame a dit que nous aurions beaucoup à souffrir ! Peu importe, je souffrirai tout ce qu’Elle voudra ! Ce que je veux, c’est aller au Ciel.
Un jour que je me montrais mécontente de la persécution qui commençait à s’élever contre nous, dans la famille et au dehors, il essaya de m’encourager en disant :
– Laisse faire ! Notre Dame n’a-t-elle pas dit que nous aurions beaucoup à souffrir, pour réparer tant de péchés qui offensent Notre Seigneur et son Cœur Immaculé ? Ils sont si tristes ! Si, avec ces souffrances, nous pouvons les consoler, soyons contents.
Quelques jours après la première apparition de Notre Dame, en arrivant au pâturage, il grimpa sur un rocher élevé et nous dit :
– Vous autres, ne venez pas ici ; laissez-moi rester seul.
– D'accord.
Et je me mis avec Jacinthe à courir après les papillons, que nous attrapions, pour faire aussitôt le sacrifice de les laisser partir, ayant complètement oublié François. L’heure du goûter arrivée, nous nous rendîmes compte de son absence et j’allai l’appeler.
– François, ne veux-tu pas venir prendre le goûter ?
– Non. Vous autres, mangez.
– Et dire le chapelet ?
– J’irai après pour prier. Rappelez-moi.
Lorsque je suis retournée l’appeler, il me dit :
– Venez ici, vous autres, prier près de moi.
Nous sommes montées au sommet du rocher où nous avions du mal à nous tenir tous les trois agenouillés, et je lui demandai :
– Mais qu’est-ce que tu fais ici depuis si longtemps ?
– Je pense à Dieu qui est si triste à cause de tant de péchés ! Ah, si j’étais capable de Lui faire plaisir !
On voit donc que François, qui pourtant n’avait pas entendu les paroles de Notre-Dame, avait parfaitement compris le sens du sacrifice, une fois que sa sœur et sa cousine les lui eurent rapportées.
Cette unité de vue, pressentie par Lucie au moment de donner sa réponse, est très belle. Et on devine sa souffrance lorsque, moins de deux ans plus tard, ses deux petits cousins mourront, la laissant seule à porter ce message si important pour l’Église et l’humanité.
La réponse de Lucie montre aussi que cet engagement à offrir ses souffrances pour la conversion des pécheurs lui apparaît plus facilement acceptable s’il est accompli avec ses petits cousins. Nous avons besoin de prier et d’offrir des sacrifices ensemble. La prière individuelle est certes très belle, mais la prière collective a aussi ses qualités ; en particulier elle est un puissant soutien dans les difficultés.
Voilà sans doute quelques-unes des raisons qui explique pourquoi Lucie répondit : « Nous le voulons ». Que cette réponse nous incite à ne négliger ni la prière privée, ni la prière publique, pour que, de notre côté, nous puissions répondre comme Lucie à la demande de Notre-Dame : « Oui, nous voulons offrir à Dieu les souffrances qu'Il nous enverra pour réparer les offenses envers le Cœur de Jésus et pour obtenir la conversion des pécheurs. »
Réfléchissons aussi à la manière dont nous pourrions ensemble offrir des sacrifices. Ne serait-il pas pertinent de définir un effort particulier à faire chaque mois par la petite communauté de Cap Fatima ? Par exemple, pour le mois qui vient, lorsque notre réveil sonne pour nous indiquer qu’il est temps de nous lever, nous pourrions faire l’effort d’offrir avec joie, pour la conversion des pécheurs, toutes les difficultés que nous allons rencontrer dans la journée, en récitant par exemple une des prières apprises par l’Ange et Notre-Dame à Fatima ou un Ave Maria.
Vos avis et idées sur ce point seront les bienvenus. Ainsi chaque mois, nous pourrions vous proposer un nouvel effort à offrir, bien adapté aux difficultés que nous rencontrons, chacun d’entre nous, dans la vie quotidienne.
« Vous aurez beaucoup à souffrir »
Notre-Dame dit ensuite à Lucie : « Vous aurez beaucoup à souffrir ». Aujourd’hui, cette phrase est sans doute difficile à accepter pour beaucoup d’entre nous, tant le monde moderne cherche à supprimer la souffrance ou à la cacher quand il ne peut la supprimer. La souffrance répugne à l’esprit humain. Mais depuis la faute de nos premiers parents, nous ne pouvons y échapper. « Tu travailleras à la sueur de ton front … Tu enfanteras des fils dans la douleur » dit la Genèse. Depuis, la souffrance est entrée dans le monde pour nous permettre, en l’offrant, de réparer la faute originelle, nos propres fautes et celles de notre prochain.
Nous n’allons pas traiter de la question du mal dans le monde : cela nous conduirait trop loin et de nombreux auteurs ont excellement traité la question. Disons simplement qu’il ne sert à rien de se rebeller contre cet état de fait. Nous ne pourrons jamais éliminer la souffrance de la terre : elle nous est presque connaturelle. Aussi, le mieux est-il de l’accepter lorsque nous ne pouvons rien faire pour l’écarter ou la diminuer. Mais pour cela, il faut une grande force de caractère. C’est pourquoi la Sainte Vierge a précisé aux petits voyants : « La grâce de Dieu sera votre réconfort ». Cette force, c’est Dieu qui nous la donnera, sous réserve de la Lui demander, ou de la demander à sa mère.
Là encore, nous n’allons pas faire un traité sur la grâce. Retenons seulement que Notre-Dame sait que l’acceptation de la souffrance, même dans le but de l’offrir pour la conversion des pécheurs, est difficile. Cet aveu de notre faiblesse n’est pas infamant : même le Christ a été effrayé par les souffrances qui l’attendaient au jardin des oliviers. Si nous voulons répondre comme Lucie « oui nous acceptons les souffrances que Dieu nous enverra », nous n'y arriverons pas sans un secours divin. Ce secours est acquis à tous les hommes de bonne volonté, pourvu que nous le demandions humblement à Celui qui, seul, peut donner la force de supporter ces épreuves que, de toute façon, nous aurons, même si nous ne voulons pas les accepter
Outre la grâce divine, la lecture de quelques bons livres de spiritualité peut nous aider grandement à mieux comprendre le sens de la souffrance et la façon dont Dieu la regarde, afin de mieux l’accepter et l’offrir. Pour cela, parmi les très nombreux livres possibles, nous vous suggérons le livre Un appel à l’amour de sœur Josepha Ménendez (1890 – 1923). Sœur Josepha y raconte comment Jésus "passa son temps", pourrait-on presque dire, à lui enseigner comment faire des sacrifices et les fruits qu’elle en tirerait. Ce livre est, de ce point de vue, extraordinaire, car c’est pratiquement un manuel d’application du message de Fatima. Ainsi, Notre-Dame a donné le principe à trois petits bergers incultes, et trois ans plus tard, son Fils a expliqué en détail à une religieuse déjà mûre comment faire concrètement. Merveilleuse pédagogie céleste !
Alors demandons la grâce d’accepter et d’offrir toutes les souffrances que la Providence permettra que nous subissions.
Le geste de Notre-Dame
À ce moment de l’apparition, intervient un fait très significatif. Voici comment sœur Lucie le décrit dans son quatrième mémoire :
C’est en prononçant ces dernières paroles (la grâce de Dieu, etc.) qu’Elle ouvrit pour la première fois les mains, et nous communiqua, comme par un reflet qui émanait d’elles, une lumière si intense que, pénétrant notre cœur et jusqu’au plus profond de notre âme, elle nous faisait nous voir nous-mêmes en Dieu qui était cette lumière, plus clairement que nous nous voyons dans le meilleur des miroirs.
Alors, par une impulsion intérieure qui nous était communiquée, nous tombâmes à genoux et nous répétions intérieurement :
– Ô, Très Sainte Trinité, je vous adore. Mon Dieu, mon Dieu, je Vous aime dans le très Saint Sacrement.
Ce geste de Notre-Dame d’ouvrir les mains a une signification importante. En effet, elle le fera quatre fois au cours des apparitions de 1917, en mai, juin, juillet et octobre :
- 13 mai : « C’est en prononçant ces dernières paroles (la grâce de Dieu, etc.) qu’Elle ouvrit pour la première fois les mains, et nous communiqua, comme par un reflet qui émanait d’elles.»
- 13 juin : « Ce fut au moment où Elle prononça ces dernières paroles qu’Elle ouvrit les mains et nous communiqua, pour la seconde fois, le reflet de cette lumière immense. »
- 13 juillet : « En disant ces dernières paroles, Elle ouvrit de nouveau les mains, comme les deux derniers mois. Le reflet parut pénétrer la terre et nous vîmes comme un océan de feu.»
- 13 octobre : « Ouvrant alors les mains, Elle les fit se réfléchir sur le soleil et, pendant qu’Elle s’élevait, le reflet de sa propre lumière continuait à se projeter sur le soleil.»
Ce geste de la Sainte Vierge provoque un reflet d’une lumière immense dont l’effet est à chaque fois différent. Ces quatre effets illustrent la puissance que Dieu a voulu donner à sa très sainte Mère. Analysons celui du geste du 13 mai 1917.
Par les mains de la Sainte Vierge, les petits voyants reçurent la grâce, concrétisée ici par « un reflet d’une lumière intense », de « se voir plus clairement que dans un miroir », c’est-à-dire de se connaître tels qu’ils étaient intérieurement. Et cette connaissance intime d’eux-mêmes les poussa à adorer Dieu leur Créateur.
En effet, les grâces divines passent par les mains de la Sainte Vierge. Elle le révéla à plusieurs reprises au cours de diverses apparitions. Par exemple, à Cotignac, les 10 et 11 août 1519, elle dit à Jean de la Baume : « Qu’on vienne en procession pour recevoir les dons que je veux y répandre. »
Rue du Bac, le 18 juillet 1830, elle révéla à sainte Catherine Labouré : « Venez au pied de cet autel : là, les grâces seront répandues sur toutes les personnes qui les demanderont avec confiance et ferveur ; elles seront répandues sur les grands et sur les petits. » Et le 27 novembre suivant, elle lui apparut avec « à ses doigts des anneaux recouverts de pierreries qui jetaient des rayons plus beaux les uns que les autres ». Notre-Dame lui précisa : « Ces rayons sont l'image des grâces que je répands sur les personnes qui me les demandent ». Sainte Catherine ayant constaté que certaines pierres ne donnaient aucun rayon, Notre-Dame ajouta : « Ces pierres qui restent dans l’ombre figurent les grâces qu’on oublie de me demander ».
Cette intervention de la Sainte Vierge dans la distribution des grâces qui nous sont nécessaires, est un enseignement constant de l’Église. Saint Bernard disait déjà : « La volonté de Dieu est que nous ayons tout par Marie ». Saint Bernardin de Sienne disait de son côté : « Tous les dons du Saint-Esprit sont distribués par Marie à ceux qu’elle veut, quand elle le veut, comme elle le veut et autant qu’elle le veut ».
Dans son Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge, au n° 25, saint Louis-Marie Grignion de Montfort reprit cet enseignement de saint Bernardin :
Dieu le Saint-Esprit a communiqué à Marie, sa fidèle Épouse, ses dons ineffables, et Il l’a choisie pour la dispensatrice de tout ce qu’Il possède : en sorte qu’elle distribue à qui elle veut, autant qu’elle veut, comme elle veut et quand elle veut, tous ses dons et ses grâces, et il ne se donne aucun don céleste aux hommes qu’il ne passe par ses mains virginales.
Plusieurs papes confirmèrent cet enseignement. Léon XIII, dans l’encyclique Octobri Mense du 22 septembre 1891, déclara :
Il est permis d’affirmer que rien, d’après la volonté de Dieu, ne nous est donné sans passer par Marie, de telle sorte que, comme personne ne peut s’approcher du Père tout-puissant sinon par son Fils, ainsi personne, pour ainsi dire, ne peut s’approcher du Christ que par sa mère.
Dans l’encyclique Ad Diem Illum Laetissimum du 2 février 1904, saint Pie X confirma l’enseignement de son prédécesseur :
Par la communion des douleurs et de volonté entre le Christ et Marie, cette dernière a mérité de devenir la dispensatrice de tous les bienfaits que Jésus nous a acquis par son sang.
La médiation de la Sainte Vierge est donc une notion parfaitement traditionnelle. Et Notre-Dame est venue à Fatima confirmer ce qu’enseigne la Tradition. C’est la signification de son geste. Toutefois, pour ne pas devancer les déclarations solennelles du Magistère, la Vierge Marie ne s’y présente pas comme "Médiatrice de toutes grâces", mais son geste et tout son message soulignent qu’elle est bien la médiatrice de toutes les grâces.
Que la méditation de ce passage des apparitions ancre en nous d’une part que Dieu nous accordera les grâces dont nous avons besoin (« la grâce de Dieu sera notre réconfort ») si nous le Lui demandons, d’autre part qu’Il nous les accordera par l’intermédiaire de sa Mère. Et demandons à Notre-Dame de nous accorder, comme aux trois petits voyants, la grâce de nous connaître intimement au plus profond de nous-même et de nous voir comme Dieu nous voit.
En union de prière dans le Cœur Immaculé de Marie
Yves de Lassus