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Lettre de liaison n° 120 (19 mai 2021)
Chers amis,
Suite à un témoignage paru vendredi dernier dans la lettre Une minute avec Marie du site Marie de Nazareth, il eut ce jour-là de nombreuses inscriptions nouvelles sur le site de Cap Fatima. Cet afflux de nouveaux inscrits porte ainsi à près de 10 % l’augmentation du nombre d’inscrits sur un an. Tous ces nouveaux lecteurs n’ayant découvert que récemment Cap Fatima, il a été jugé utile de leur envoyer un petit historique de Cap Fatima et de ses objectifs, sans attendre l’échéance mensuelle du premier samedi du mois.
Mais plutôt que de n’adresser cette lettre qu’aux seuls nouveaux inscrits récents, il a semblé plus pertinent de l’envoyer à tous, les plus anciens pouvant y trouver non seulement un bilan de ce qui a été fait depuis six ans, mais aussi une incitation à continuer à répandre la dévotion au Cœur Immaculé de Marie.
Petit historique de Cap Fatima
Vers la fin de l’année 2014, la lecture du livre Mystères et vérités cachées du troisième secret de Fatima persuada un de mes amis qu’il fallait organiser quelque chose pour participer activement au centenaire des apparitions de Fatima. Il vint donc me voir et n’eut guère de mal à me convaincre. Diverses idées furent émises et peu après le projet fut lancé.
Au départ, il était simplement envisagé d’organiser des actions au cours de l’année 2017. Mais en mars 2015, je pris conscience que le printemps allait marquer le centenaire de la première apparition de l’Ange. En effet, c’est au printemps 1915 que l’Ange de la Paix apparut pour la première fois à Lucie qui était accompagnée à cette occasion par trois petites amies : Teresa et Maria-Rosa Matias et Maria Justina. Or si le Ciel avait jugé utile de commencer à préparer Lucie deux ans avant les apparitions de Notre-Dame, il me semblait qu’il en allait de même pour nous et que nous devions profiter des deux années qui nous séparaient du centenaire pour mieux connaître le message de Fatima.
L’idée de lancer une action dès 2015 ne fut pas partagée par mon ami. Après discussion, il fut jugé préférable d’agir chacun de notre côté. C’est ainsi que le samedi 4 avril 2015, premier des premiers samedis du mois du centenaire, sans idée bien arrêtée sur ce qu’il convenait de faire, je décidai d’envoyer une lettre à tous ceux qui figuraient dans mon carnet d’adresses mail.
Les réactions à cette lettre de lancement, furent plutôt positives et les suggestions arrivèrent. L’une d’elles fut de mettre en place une lettre de liaison. La première lettre fut ainsi envoyée le 30 avril suivant. La diffusion fut d’abord bimensuelle, puis simplement mensuelle à partir de 2018. Un site fut créé (fatima100.fr). Le mois suivant, une lettre pour les enfants fut également lancée. Un site spécifique fut également créé (enfantsdefatima.org).
Il fallut ensuite trouver un nom au projet désormais bien lancé : le nom choisi fut Cap Fatima 2017, nom réduit à Cap Fatima en 2018 lorsqu’il fut décidé de continuer au-delà de 2017.
Peu après, l’association Notre-Dame de France prit contact avec Cap Fatima pour proposer d’organiser ensemble des consécrations au Cœur Immaculé de Marie. Ces consécrations étant l’une des cinq pratiques de la dévotion au Cœur Immaculé de Marie, la proposition fut acceptée chaleureusement. C’est ainsi que le 8 décembre une première consécration fut organisée avec une préparation de 30 jours s’appuyant sur la préparation rédigée en 2008 par le père Wiehe, curé de la cathédrale de Toulon, à la demande de Mgr Rey, pour la consécration du diocèse de Toulon au Cœur Immaculé de Marie. Ainsi, quelques centaines de personnes se consacrèrent le 8 décembre 2015. Il fut ensuite organisé une consécration par mois jusqu’en 2017 avec à chaque fois plusieurs centaines de personnes inscrites. À partir de 2018, le nombre de demandes s’étant réduit, le nombre de consécrations organisées fut réduit à 5 ou 6 par an.
Les méditations proposées pour les préparations à ces consécrations ont varié avec le temps. Au départ, il était proposé, soit de prendre les textes du père Wiehe, soit de suivre le schéma donné par saint Louis-Marie Grignion de Montfort dans son Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge. Mais, au début de l’année 2017, l’association Notre-Dame de Chrétienté, voulant faire réfléchir les pèlerins sur le message de Fatima en cette année du centenaire des apparitions, demanda à Cap Fatima de l’aider à élaborer une préparation dans cet esprit. C’est ainsi que furent rédigées 33 méditations sur les paroles prononcées à Fatima, soit par l’Ange, soit par Notre-Dame. Depuis, ce sont ces méditations qui sont utilisées pour les préparations. Vous pouvez les retrouver sur cette page du site.
Pour l’année du centenaire, une action en faveur de la communion réparatrice des premiers samedis du mois fut également lancée : deux séries de cinq premiers samedis furent organisées, de janvier à mai, puis de juin à octobre. Une méditation était envoyée quelques jours avant chaque premier samedi du mois afin d’aider ceux qui le souhaitaient à faire les quinze minutes de méditation demandées par la Sainte Vierge ce jour-là.
Après ces deux séries, l’initiative fut poursuivie en la simplifiant : les méditations furent simplement jointes aux lettres de liaison qui furent alors systématiquement envoyées quelques jours avant chaque premier samedi du mois.
Initialement, tout devait s’arrêter fin 2017. Mais nombreux furent ceux qui souhaitèrent voir se continuer ce qui était mis en place depuis un peu plus de deux ans. Il a donc été décidé de continuer un an ou deux au-delà de 2017, mais avec une lettre de liaison non plus bimensuelle, mais mensuelle. Le rythme des consécrations organisées fut également ralenti.
Une nouvelle idée vit alors le jour. En effet, plusieurs personnes ayant fait part de leur difficulté à réciter le chapelet tous les jours, pour les aider malgré tout à persévérer, des rosaires vivants furent organisés, lesquels demandent simplement la récitation d’une dizaine de chapelet (c’est-à-dire une série de dix Je vous salue Marie) avec quatorze autres personnes. L’idée fut bien accueillie et depuis plus d'une centaine de rosaires vivants ont été organisés. (Voir ce qu’est un rosaire vivant sur cette page du site)
En 2020, la question de la poursuite de ces différentes actions fut à nouveau posée. Devant les réponses reçues, il fut décidé de continuer. Voilà donc comment est né Cap Fatima.
Cap Fatima aujourd’hui
Malgré les diverses évolutions intervenues depuis la création de l’organisation, l’objectif n’a pas changé : faire connaître le message de Fatima et répandre dans le monde la dévotion au Cœur Immaculé de Marie.
Faire connaître le message de Fatima
Le moyen proposé pour cela est un site et une lettre de liaison mensuelle diffusée exclusivement par internet, sauf exceptions rarissimes. L’organisation d’une diffusion papier a été envisagée au début, mais a été vite abandonnée devant le coût des envois et surtout le temps nécessaire.
Au départ, le rappel des événements de Fatima et une réflexion sur les diverses paroles de l’Ange ou de Notre-Dame constituèrent le corps des lettres. Il vint un moment où il fallut aborder la question du troisième point du secret. Cette question divise malheureusement les catholiques. Cependant, il n’était pas possible de l’esquiver, car aucune parole de Notre-Dame ne peut être négligée ou jugée secondaire. Toutefois, pour répondre à ceux qui, soit trouvaient la lettre trop longue, soit jugeaient inutile la réflexion sur cette partie du message de Fatima, il a été récemment décidé que la lettre comporterait deux parties : la première sur la dévotion au Cœur Immaculé de Marie, la deuxième sur le secret. Ainsi en se limitant à la première partie de la lettre, ceux qui avaient manifesté ces réserves, ont l’assurance d’avoir une lettre plus courte, dans laquelle le troisième secret n’est pas mentionné.
(Pour ceux qui souhaiteraient prendre connaissance des lettres déjà publiées, elles sont toutes accessibles en cliquant sur le bouton Liste des lettres de liaison dans le menu de gauche sur la page d’accueil du site.)
Répandre la dévotion au Cœur Immaculé de Marie
Cette demande est une volonté de Dieu Lui-même que Notre-Dame confia aux petits voyants le 13 juin 1917, puis à nouveau le 13 juillet. (Voir lettre n° 4) Notre-Dame précisa les différentes pratiques de cette dévotion qui en comprend cinq que nous allons passer rapidement en revue.
- L’offrande des sacrifices de la vie quotidienne pour la conversion des pécheurs
Sur neuf apparitions, les trois de l’Ange en 1916 et les six de Notre-Dame en 1917, cette demande a été faite six fois. Et sœur Lucie a toujours dit que c’était l’essentiel du message de Fatima. Ce point a été détaillé dans plusieurs lettres de liaison, notamment les lettres n° 58 et n° 65 (voir aussi cette page du site).
Sur ce point, il est difficile à Cap Fatima de proposer quelque chose de concret pour aider à offrir des sacrifices. Simplement, la lettre de liaison revient régulièrement sur le sujet.
- La récitation quotidienne du chapelet pour obtenir la paix
Cette demande, Notre-Dame l’a faite à chacune des six apparitions de 1917 (Voir la lettre n° 31). Elle a donc autant d’importance que la précédente demande sur les sacrifices à offrir.
De plus, le 13 juillet, Notre-Dame a dit : « Je veux (…) que vous continuiez à réciter le chapelet tous les jours en l’honneur de Notre-Dame du Rosaire, pour obtenir la paix du monde et la fin de la guerre, parce qu’Elle seule peut les obtenir. » Or devant l’état du monde aujourd’hui et devant les difficultés auxquelles nous sommes confrontées depuis quelques mois, cette récitation quotidienne du chapelet pour obtenir la paix devient de plus en plus importante.
Pour aider ceux qui découvrent le chapelet et ont du mal à le dire chaque jour, il est proposé de commencer par dire simplement une dizaine de chapelet chaque jour et si possible de s’inscrire dans un rosaire vivant pour recevoir les grâces attachées à la récitation d’un rosaire tout en n’ayant à réciter qu’une dizaine de Je vous salue Marie. (Présentation du rosaire vivant sur cette page du site)
- La communion réparatrice des premiers samedis du mois
Cette demande a été faite une première fois par Notre-Dame le 13 juillet 1917. Elle a été renouvelée en décembre 1925, puis en février 1926. (Voir la fiche sur la communion réparatrice des premiers samedis du mois).
Pour aider à bien faire cette communion, Cap Fatima propose des méditations qui demandent environ une quinzaine de minutes de lecture. Certains les trouvent trop longues. Mais l’objectif de ces méditations n’est pas forcément d’être lues complètement : il est simplement d’aider ceux qui ne sont pas habitués à méditer quinze minutes de suite, cette lecture les gardant dans la pensée du mystère médité pendant le temps spécifié par Notre-Dame. Ceux qui sont capables de méditer quinze minutes sans support particulier, peuvent ne prendre qu’une phrase ou deux pour méditer : chacun est libre de méditer comme il l’entend et n’a aucune obligation de lire les méditations proposées.
Ces méditations sont tirées d’auteurs connus. Il y en a maintenant environ une quarantaine que vous pouvez retrouver sur cette page du site.
- La consécration au Cœur Immaculé de Marie
La consécration nommément demandée par Notre-Dame est celle de la Russie. Mais tous les spécialistes de Fatima, à la suite de sœur Lucie, ont compris qu’elle devait être précédée de notre consécration personnelle. Et l’histoire a montré que tous ceux qui se sont consacrés au Cœur Immaculé de Marie : personnes, paroisses, pays, communautés diverses, … en ont retiré de grands fruits. (Voir cette page du site)
Cap Fatima propose chaque année 5 ou 6 dates pour se préparer à une consécration. Mais chacun peut choisir la date qu’il souhaite et organiser sa propre consécration, toutes les méditations étant sur le site. La préparation fait normalement 33 jours, mais pour ceux qui trouveraient une telle durée trop longue, une préparation sur une durée plus réduite, en particulier sur neuf jours, reste tout à fait possible. De même, ce qui est proposé pour chaque jour de la préparation, en particulier la méditation, n’est là que pour aider à bien comprendre le sens d’une consécration. Chacun peut adapter la préparation selon ses disponibilités, tout en essayant de tendre vers ce qui est proposé. Pour vous inciter à entreprendre cette démarche, voici un témoignage reçu récemment :
Je voulais remercier vivement votre œuvre et en particulier ces 33 jours d'accompagnement qui m' ont été proposés par Cap Fatima. J'ai égrainé mon chapelet et médité pendant ces 33 jours de préparation (du 31 décembre 2020 au 1er février 2021) un enseignement solide.
Hier, mardi 2 février (Présentation de Jésus au temple et Purification de la Très Sainte Vierge), après ma confession puis la messe, l'abbé de ma paroisse a reçu ma consécration au Cœur Immaculé de Marie (choix de la proposition de saint L-M Grignion de Montfort) à genou au pied de l'autel. Il a aussi béni mon scapulaire. L'assemblée des fidèles n'était composée que d'enfants d'une école catholique hors contrat avec leurs enseignantes religieuses, les chants par la chorale des jeunes filles, la procession aux cierges...
La jeune fille qui était à côté de moi, me partageait son livret de chants et, avec son petit index, elle me faisait suivre les couplets. À la fin de la messe, je l'ai remerciée, je lui ai demandé son âge : 10 ans, et son prénom : Marie. Tout a été magnifique !!! si beau !! C'est comme si le Ciel s' était ouvert (en ouvrant le toit de la coupole de l'église) et qu'une pluie de roses en tombant fleurissait le parterre du chœur. Je suis fortifiée.
Oui, je défendrai le Sacré Cœur de Jésus et le Cœur Immaculée de Marie et diffuserai ce trésor de vie de la dévotion au Cœur Immaculé de Marie.
- Le port du scapulaire
Le port du scapulaire de Notre-Dame du Mont Carmel n’a pas fait l’objet d’une demande orale de Notre-Dame. Mais sœur Lucie a toujours dit qu’il faisait partie de la dévotion au Cœur Immaculé de Marie. (Voir lettre n° 21 ainsi que cette page du site)
Cap Fatima ne peut guère intervenir sur ce point. Il est simplement proposé de se faire imposer le scapulaire si cela n’a pas été fait, à l’issue d’une consécration, comme dans le témoignage précédent. Le rituel d’imposition est sur le site.
Nous espérons que ces quelques précisions permettront à tous ceux qui se sont récemment inscrits de bien saisir ce qu’est la dévotion au Cœur Immaculé de Marie. À première vue, elle peut sembler exigeante. Mais en réalité, elle ne l’est guère. Car, à part la récitation quotidienne du chapelet qui est effectivement une pratique exigeante au début, ainsi que la communion réparatrice des premiers samedis du mois, mais qui n’est à faire qu’une fois par mois, tout le reste n’exige ni temps, ni argent et rapporte d’innombrables fruits, notamment celui-ci : « À qui embrassera cette dévotion, je promets le salut », promesse de Notre-Dame elle-même le 13 juin 1917. Un tel fruit ne vaut-il pas les quelques efforts qu’elle demande ?
En union de prière dans le Cœur Immaculé de Marie.
Yves de Lassus
Divers
Cette lettre étant adressée à tous les abonnés, nous en profitons pour répondre à certains qui s’inquiètent de ce que dit le secret de Fatima. En effet, voici un témoignage reçu récemment :
Comment vivre sereinement lorsqu’on connaît l’enjeu du 3e secret de Fatima ? Depuis que je le connais, je suis très déstabilisée et aussi cela m’amène par moments à une incompréhension et une révolte envers Dieu. J’ai compris que ce n’est pas Lui qui veut que cela arrive (les faits du 3e secret), mais pour moi Il est tellement notre Père infiniment aimant et Miséricordieux que je n’arrive pas à comprendre pourquoi Il permet cela. Car dans notre humanité, nous ne sommes pas tous à blasphémer, à l’ignorer, à être d’immenses pêcheurs etc. Alors pourquoi devons-nous tous vivre des choses aussi horribles que celles décrites dans le 3e secret ? Cela provoque en moi une grande tristesse, des questions par rapport à Dieu, de la révolte. Bien sûr c’est l’Adversaire, mais pour l’instant je n’arrive pas à passer au-dessus de ça et en plus je me dis, si je suis déjà mal maintenant, comment je tiendrai quand ça arrivera ?
Pour répondre à ces inquiétudes, une analyse posée du secret de Fatima est nécessaire. Les diverses réflexions sur le secret au cours des lettres de liaison se sont efforcées ou s’efforceront de le faire. Mais il faut aussi voir les choses de façon plus spirituelle. L’éditorial du dernier numéro de la revue de l’Action Familiale et Scolaire (n° 274 d’avril 2021) apportera peut-être un élément de réponse. Le voici :
LE TOMBEAU VIDE
Chaque année, la scène revient devant nos yeux. Pendu à une croix, entre deux compagnons de supplice, un homme expire, cruel dénouement d’un échec éclatant. Et personne pour l’entourer, ou presque. Aux pieds de la croix, quelques femmes. Les hommes ? Disparus ! Il n’y a qu’une poignée de soldats romains et, à quelque distance de là, une foule haineuse et vociférante. Avec les femmes, il y a juste un tout jeune homme ; on devrait plutôt dire un adolescent tellement il paraît jeune. Et c’est tout ! À croire que la proportion d’hommes dans Jérusalem était particulièrement faible ces jours-là.
Déjà dans la matinée, seul le sexe dit faible s’était montré à la hauteur. Car qui a bravé la milice romaine pour essuyer son visage ? Une femme. Qui a publiquement pleuré sur lui ? Les filles de Jérusalem. De son entourage, qui a-t-il croisé sur le chemin ? Ses disciples ? Non, pas un seul. Il n’a rencontré que sa mère, accompagnée de ce jeune adolescent qui la suivra jusqu’à la croix.
Un seul homme, un cyrénéen, l’a aidé, mais il y fut contraint. "Angariaverunt" disent saint Matthieu et saint Marc : ils le contraignirent ! S’il n’avait tenu qu’à lui, il aurait tout fait pour s’esquiver. Quelle idée a-t-il eu d’aller voir ! Il aurait mieux fait de rentrer chez lui directement.
Les hommes ? Depuis deux jours, ils l’injurient, l’insultent, le calomnient ou le trahissent. Les moins mauvais l’abandonnent ou le désavouent. Parmi les siens, celui qui avait juré de le suivre absolument partout, le renie ouvertement trois fois. Et le clergé n’est pas le dernier à l’outrager. C’est même le grand prêtre, l’autorité morale la plus élevée, qui l’accuse le plus farouchement et exige son exécution, en contradiction formelle avec toutes les lois qu’il est sensé faire respecter ! Quant à l’autorité politique, elle reconnaît son innocence, mais malgré tout le laisse condamner, et n’a même pas le courage d’endosser sa lâche décision.
Alors qui suivre ? Judas, Caïphe, Anne, Pilate ? … Quelle cohorte de cupides, de lâches, de fourbes, d’hypocrites, de faux-jetons, ... ! Vraiment, non merci ! Si c’est cela le sexe dit fort, le sexe faible est indéniablement préférable. Les qualificatifs sont parfois bien mal attribués ! Pas un pour racheter l’autre ! Il n’y a qu’un jeune adolescent pour soutenir la mère du condamné. À vrai dire, on ne sait pas bien qui soutient qui. Car s’il est vrai qu’il la soutient dans les moments les plus douloureux, le plus souvent, c’est la femme qui l’encourage et le soutient. Quel incroyable couple !
Quant au pauvre condamné, c’est un échec total, ... au moins en apparence. On se dépêche de l’enterrer ; c’est fini ! On essaye de l’oublier, comme les pèlerins d’Emmaüs, encore des hommes ! Non, le rôle des hommes durant ces tristes jours fut tout sauf exemplaire. Pour certains, il fut même, osons le dire, cruel, abject ! A contrario, celui des femmes fut surprenant, admirable, merveilleux, sublime. Le lendemain du sabbat, au petit matin, quels sont les premiers à venir au tombeau ? Encore des femmes ! On reproche – à juste titre – à François de vouloir remplacer les hommes par des femmes pour le service de l’autel. Mais, si on regarde le comportement des hommes pendant ces quelques jours, peut-on lui donner complètement tort ? Qui fut le plus fort ? Qui s’est montré le plus digne, le plus fidèle, le plus courageux ?
Mais voilà que la simple vue du tombeau vide transforme ces hommes jusque-là peureux et lâches. Comment est-ce possible ? Un sépulcre vide, taillé dans le roc, suffit à cette transformation. Transformation instantanée, radicale … et définitive, … jusqu’au martyre ! Certes, il faudra encore cinquante jours de patients enseignements du divin Maître pour confirmer cette transformation. Mais celle-ci commença devant un tombeau vide ! Décidément, les voies de Dieu ne sont pas celles des hommes.
De nos jours, l’Église, corps mystique du Crucifié, est, elle aussi, accusée, insultée, bafouée, trahie, … Ses dignitaires, comme au jardin des oliviers, se défilent ou abdiquent lorsque l’autorité politique tente une modeste action contre elle. Pire ! Parfois, comme le grand prêtre, ils en rajoutent. Quant à la puissance publique, elle déchristianise à tour de bras. Elle supprime toutes les libertés les unes après les autres. Le mensonge est devenu un principe général de gouvernement. Et ceci, aussi bien sur le vieux continent qu’outre-Atlantique ! Le vice semble avoir à peu près universellement remplacé la vertu, que ce soit dans la vie morale, intellectuelle, politique ou économique. Aucun domaine n’est épargné. Où sont les hommes ? Et, ce qui est peut-être pire que du temps de Jésus, où sont les femmes ? De nos jours, il semble qu’il n’y ait plus personne (ou si peu) pour Le suivre et résister à la vague de déchristianisation, ou simplement de déshumanisation.
Alors, que faire ? Eh bien, comme firent les apôtres, contemplons le tombeau vide. S’il a fait un tel miracle, il y a 2 000 ans, pourquoi ne pourrait-il pas le refaire aujourd’hui ? Ce tombeau vide est la source de tous les courages. Car nous dit l’Évangile : « Il vit et il crut ! » (Jean XX, 8)
Yves de Lassus