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L'anthropologie théologique distingue (…) trois formes de perception ou de "vision" : la vision des sens, donc la perception externe corporelle, la perception intérieure et la vision spirituelle (visio sensibilis – imaginativa – intellectualis). (…)
Il est clair que, dans les visions de Lourdes, Fatima, etc., il ne s'agit pas de la perception normale extérieure des sens : les images et les figures qui sont vues ne se trouvent pas extérieurement dans l'espace, comme s'y trouve par exemple un arbre ou une maison. (…)
Il s’agit donc de la catégorie intermédiaire, la perception intérieure, qui a certainement pour le voyant une force de présence, laquelle équivaut pour lui à la manifestation extérieure sensible. (…)
Il s'agit de vrais "objets" qui touchent l'âme, bien qu'ils n'appartiennent pas à notre monde sensible habituel.
Ainsi, d’après le Commentaire théologique, il n’y a pas eu réellement d’apparition à Fatima : les trois petits bergers n’eurent qu’une vision intérieure. (Pour plus de précision, voir le livre de Joseph de Belfont Mystères et vérités cachées du troisième secret de Fatima, notamment le chapitre 15 dont un extrait est reproduit ICI). Et s’il n’y eut qu’une vision intérieure, il n’y eut pas de paroles à proprement parler, et donc pas de secret. En conséquence, les paroles et le secret ne sont qu'une façon imaginée par sœur Lucie pour illustrer l’expérience spirituelle qu’elle a vécue (voir aussi lettre de liaison n°34). Aussi le Commentaire affirme-t-il : « La conclusion du "secret" rappelle des images que sœur Lucie peut avoir vues dans des livres de piété et dont le contenu provient d'anciennes intuitions de foi. »
C’est probablement la raison pour laquelle jamais les manifestations extérieures si nombreuses et si extraordinaires ne sont rappelées, ni le miracle du soleil vu pourtant par environ 70 000 témoins, y compris de nombreux incrédules ou des personnes qui étaient à plusieurs kilomètres du lieu des apparitions (voir lettres de liaison n° 8, n° 10 et n° 12). Tous ces éléments ne peuvent pas avoir été produits par une simple vision intérieure. D’ailleurs sœur Lucie était elle-même convaincue d’avoir vu avec ses propres yeux, car elle affirma au cours de la commission d’enquête canonique : « J’ai la certitude que je l’ai vue et que je ne me suis pas trompée. Même si l’on me tuait, personne ne me ferait dire le contraire ! » Il est vrai qu’il y aurait une certaine malice de la part du Ciel à donner autant de signes d’une présence extérieure réelle alors qu’il n’y aurait qu’une simple vision intérieure. Aussi, malgré l’affirmation du Commentaire théologique, nous croyons que notre Mère du Ciel est venue avec son corps glorieux sur la terre et a manifesté sa présence par des signes qui ne trompent pas.
La position officielle de l’Église peut nous étonner, voire nous affliger. Toutefois, il ne faut pas se révolter contre les chefs de l’Église : au contraire, il faut prier encore plus pour eux. Depuis sa naissance, l’Église n’a cessé de traverser des difficultés, d’avoir des périodes glorieuses et d’autres moins. Elle a subi bien des épreuves, des trahisons ; mais qu’elle soit dans une période sainte ou difficile, l’Église reste l’Église du Christ. Il faut prier pour elle, pour que ses chefs soient toujours dignes de la fonction qu’ils occupent.
Jacinthe eut une perception si profonde de cette impérieuse nécessité de prier pour le Saint-Père qu’elle eut l’audace de modifier une des prières enseignées par Notre-Dame le 13 juillet 1917 : « Ô Jésus, c’est par amour pour Vous, pour la conversion des pécheurs, et en réparation des péchés commis contre le Cœur Immaculé de Marie » (Voir lettre de liaison n° 6).
En effet, voici ce que rapporte Lucie dans son premier mémoire à propos de leur emprisonnement à Vila Nova de Ourem en août 1917 :
En levant les yeux et les mains au ciel, il [François] fit cet acte d’offrande : « Ô mon Jésus ! C’est par amour pour vous et pour la conversion des pécheurs ! » Jacinthe ajouta : « C’est aussi pour le Saint-Père et en réparation des péchés commis contre le Cœur Immaculé de Marie ». (…)
Les joues baignées de larmes, levant les mains et les yeux au ciel, elle [Jacinthe] fit son acte d’offrande : « Ô mon Jésus ! C’est par amour pour vous et pour la conversion des pécheurs, pour le Saint-Père et en réparation des péchés commis contre le Cœur Immaculé de Marie ».
Et depuis ce moment, les petits voyants prirent l’habitude d’ajouter « et pour le Saint-Père » à la fin de la prière enseignée par Notre-Dame. Un peu plus tard, Notre-Dame gratifia Jacinthe de deux visions du Saint-Père, montrant ainsi que ce qu’elle avait proposé était bien conforme à sa volonté. Voici comment Lucie rapporte les faits dans son troisième mémoire :
Jacinthe m’appela : « N’as-tu pas vu le Saint-Père ? Non ? Je ne sais pas comment cela s’est fait, mais j’ai vu le Saint-Père dans une très grande maison, à genoux devant une table, la tête dans les mains et pleurant. Au-dehors, il y avait beaucoup de gens et les uns lui lançaient des pierres, d’autres le maudissaient et lui disaient beaucoup de vilaines paroles. Pauvre Saint-Père. Il nous faut beaucoup prier pour lui ! » (…)
Dans une autre occasion, nous nous rendîmes à la "Lapa" du Cabeço. Arrivés là, nous nous sommes prosternés à terre pour réciter les prières de l’Ange. Au bout d’un certain temps, Jacinthe se releva et m’appela : « Ne vois-tu pas tant de routes, tant de chemins et de champs pleins de gens qui pleurent de faim et n’ont rien à manger ? Et le Saint-Père dans une église, devant le Cœur Immaculé de Marie, en prière ? Et tant de monde qui prie avec lui ? »
Il faut donc beaucoup prier pour le Saint-Père. Et il faut de façon de plus en plus urgente diffuser le message de Fatima dans son intégralité. C’est à nous qu’incombe cette tâche. Déjà en décembre 1956, sœur Lucie disait au père Fuentès : « Père, n’attendons pas que vienne de Rome un appel à la pénitence de la part du Saint-Père pour le monde entier ; n’attendons pas non plus qu’il vienne de nos évêques dans leur diocèse, ni non plus des congrégations religieuses. Non. Notre-Seigneur a déjà utilisé bien souvent ces moyens et le monde n’en a pas fait cas. C’est pourquoi maintenant, il faut que chacun de nous commence lui-même sa propre réforme spirituelle. Chacun doit sauver non seulement son âme, mais aussi toutes les âmes que Dieu a placées sur son chemin. » (Voir de plus nombreux extraits de cet entretien ICI)
Alors, n’attendons pas ; n’attendons plus ! Diffusons autour de nous le message de Fatima. Prions et offrons des sacrifices pour le Saint-Père. L’année du centenaire est commencée, mais il n’est pas trop tard pour le faire. L’Évangile de ce jour (dans le rite extraordinaire) nous fait méditer sur les ouvriers de la onzième heure. Le projet Cap Fatima 2017 a déjà presque deux ans et il ne reste guère que huit mois d’ici la fin du centenaire. Ce n’est pas tout à fait la onzième heure, mais pas loin. Alors soyez nombreux à suivre l’exemple de ces ouvriers et à diffuser à vos proches tout ce que vous apprenez ou qui vous est rappelé dans les lettres de liaison. Et heureux les ouvriers de la onzième heure, car ils recevront autant que ceux de la première heure !
En union de prière dans le Cœur Immaculé de Marie.
Yves de Lassus