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Après neuf mois de postulat, sœur Lucie fut envoyée à la maison provinciale de Tuy pour y faire son noviciat. Elle eut alors pour confesseur le père Aparicio. Au bout d’un an et demi, le père Aparicio, convaincu de l’intérêt des apparitions de Pontevedra, lui demanda d’en mettre par écrit un récit, en précisant la relation entre la dévotion au Cœur Immaculé et les apparitions de Fatima. Cette dernière demande plongea sœur Lucie dans la perplexité, car obéir la conduisait à révéler une partie du secret de Fatima. Les apparitions de Pontevedra ne faisaient pas une référence explicite à ce secret : elle pouvait donc en parler librement. Mais, la question du père Aparicio l’obligeait à révéler que la dévotion au Cœur Immaculé de Marie était également un des points du secret.

Le 17 décembre 1927, alors qu’elle priait devant le tabernacle, Jésus lui donna l’autorisation de révéler à son confesseur la partie du secret concernant la dévotion au Cœur Immaculé de Marie. Comme elle montrait une certaine répugnance à écrire à la première personne, le père Aparicio lui proposa d’écrire à la troisième personne.

Cette lettre est particulièrement importante, car c’est le tout premier écrit que nous ayons de sœur Lucie sur les apparitions dont elle fut gratifiée et du message que lui fut confié. Dans cette lettre, sœur Lucie ne fait le lien qu’avec les révélations du 13 juin et ne dit rien de celles du 13 juillet que la Sainte Vierge lui avait formellement demandé de tenir secrètes.

Voici ce qu’elle écrivit à la demande du père Aparicio :

Le 17- 12-1927, elle se rendit auprès du tabernacle pour demander à Jésus comment satisfaire la demande qui lui était faite, si l’origine de la dévotion au Cœur Immaculé de Marie était incluse dans le secret que la Très Sainte Vierge lui avait confié. Jésus, d’une voix claire, lui fit entendre ces paroles : « Ma fille, écris ce qu’on te demande ; et tout ce que t’a révélé la Très Sainte Vierge dans l’apparition où elle parla de cette dévotion, écris-le aussi. Quant au reste du secret, continue à garder le silence ». Ce qui, en 1917, fut confié à ce sujet est ce qui suit : elle [Lucie] demanda pour eux [ses deux cousins] d’être emportés au Ciel. La Très Sainte Vierge répondit : « Oui, pour Jacinthe et François, je les prendrai au Ciel dans peu de temps ; mais toi, tu resteras ici-bas pour plus longtemps. Jésus veut se servir de toi pour me faire connaître et aimer. Il veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé. À qui l’embrasse, je promets le salut. Ces âmes seront aimées de Dieu comme des fleurs placées par moi pour orner son trône ». « Je vais rester ici toute seule ? » dit-elle avec tristesse. « Non, ma fille. Je ne t’abandonnerai jamais ; mon Cœur Immaculé sera ton refuge et le chemin qui te conduira jusqu’à Dieu ».

Le 10-12-1925, la Très Sainte Vierge lui apparut et, à côté d’elle, porté par une nuée lumineuse, l’Enfant-Jésus.

La Très Sainte Vierge mit la main sur son épaule et lui montra, en même temps, un cœur entouré d’épines qu’elle tenait dans l’autre main.

Au même moment, l’Enfant-Jésus lui dit : « Aie compassion du Cœur de ta Très Sainte Mère, entouré des épines que les hommes ingrats lui enfoncent à tout moment, sans qu’il y ait personne pour faire un acte de réparation afin de les en retirer. »

Ensuite la Très Sainte Vierge lui dit : « Vois, ma fille, mon Cœur entouré d’épines que les hommes m’enfoncent à chaque instant, par leurs blasphèmes et leurs ingratitudes. Toi, du moins, tâche de me consoler et dis que tous ceux qui, pendant 5 mois, le 1er samedi, se confesseront, recevront la sainte Communion, réciteront un chapelet et me tiendront compagnie pendant 15 minutes, en méditant sur les 15 mystères du Rosaire avec l’intention de m’enlever ces épines, je promets de les assister à l’heure de la mort, avec toutes les grâces nécessaires pour le salut de leur âme. »

Le 15-2-1926

L’Enfant-Jésus lui apparut de nouveau. Il demanda si elle avait déjà répandu la dévotion à sa Très Sainte Mère. Elle lui fit part des difficultés qu’avait le confesseur [Don Lino Garcia] et que la Mère Supérieure était prête à la propager, mais que le confesseur avait dit qu’elle seule ne pouvait rien.  Jésus répondit : « C’est vrai que ta supérieure, seule, ne peut rien ; mais avec ma grâce, elle peut tout. »

Elle présenta la difficulté que plusieurs âmes avaient à se confesser le samedi et elle demanda que la confession dans les 8 jours soit valable. Jésus répondit : « Oui. Et cela pourra être plus encore pourvu que, lorsqu’on Me recevra, on soit en état de grâce et que l’on ait l’intention d’enlever les épines du Cœur Immaculé de Marie. » Elle demanda : « Mon Jésus ! Et ceux qui oublieront de formuler cette intention ? » Jésus répondit : « Ils pourront la formuler à la confession suivante, profitant de la première occasion qu’ils auront pour se confesser. »

Ainsi, à la fin de 1927, dix ans après les apparitions, pour la première fois dans l’histoire de Fatima, sur demande de son confesseur et avec l’autorisation du Ciel, sœur Lucie dévoilait un des points du message de Fatima : la volonté de Dieu d’établir dans le monde la dévotion au Cœur Immaculé de Marie et en quoi consistait cette dévotions. Elle l’aurait probablement fait plus tôt si Monseigneur da Silva ne lui avait pas demandé de conserver son secret lorsqu’il la vit pour la première fois en 1921. Par contre, le reste du secret restera caché encore plusieurs années.

Page suivante : Reproduction de la lettre écrite par sœur Lucie à partir du livre du père Martins Memórias e cartas de Irmã Lúcia, page 400.

 

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